Épisode 1, le 14 février 2023: Brice, es-tu féministe ?
Description
Chère Sandrine,
Ça commence très fort. « Es-tu féministe ? », voilà la question que tu me poses d’entrée de jeu.
Comment veux-tu que je te réponde ? Si je me risque à prétendre que oui, j’entends déjà le chœur des gens, dont tu seras peut-être au premier rang, qui s’appuieront sur certains de mes comportements ou certains de mes propos pour me traiter de menteur et de machiste.
Il faudrait d’abord s’entendre sur le sens de ce mot.
Si l’on est féministe quand on considère que les femmes sont, comment dire, en « valeur humaine » égales aux hommes, que notre société l’oublie trop souvent et qu’il faut rééquilibrer la situation le plus vite possible, je suis ton homme – euh, je suis féministe.
Si l’on est féministe quand on se comporte sans a priori sur le genre dans la vie de tous les jours, je crains de ne pouvoir prétendre à ce titre de gloire, et je te fais confiance pour déceler toutes mes failles. Pas des gouffres, Sandrine, n’exagère pas : des failles ou, si tu préfères, des fossés.
Mais si l’on est féministe quand on considère qu’il n’existe aucune spécificité des sexes, alors non seulement je ne suis pas féministe mais je ne veux pas l’être.
Comprends-moi bien : je me fous pas mal qu’une nana ait des allures ou un comportement de mec, mais je persiste à penser qu’il y a de manière générale – je souligne : de manière générale – des différences entre un homme et une femme qui n’obéissent pas à une construction sociale. Cela ne signifie pas que l’on doive hiérarchiser, placer si j’ose dire un sexe au-dessus de l’autre. Mais ça m’ennuie quand, au nom d’une juste cause, on cherche à nier cette évidence car la richesse naît de la diversité, tu ne crois pas ?
Je ne suis pas le plus viril des hommes mais il y a entre toi et moi des différences qui ne dépendent pas de notre âge ou de notre éducation. Des différences qui tirent leurs sources de nos chromosomes, de nos hormones, de rouages biologiques trop complexes pour ma petite tête, et qui me réjouissent car je n’arrête pas de me demander : « Mais comment ça se passe dans leurs têtes à elles ? ». À une époque où l’on pouvait chanter ce genre de choses, Souchon voulait voir sous les jupes des filles. Je ne peux que le comprendre, mais sous leurs crânes, ça m’intéresse aussi.
Et si tu t’intéresses un peu à ce qui se passe sous le mien, je te dois un aveu. Quand j’ai dit tout à l’heure « Je me fous pas mal qu’une nana ait des allures ou un comportement de mec », ce n’est pas tout à fait exact. Je m’en fous pas mal sur le papier mais, dans mon quotidien, je suis davantage choqué par une fille qui hurle au lieu de parler, qui dit « Quel enculé » ou « Je m’en bats les couilles », qui se bourre la gueule à la Heineken, qui rote entre deux gorgées, qui pète à pleins tubes, qui sent le fennec mouillé et qui préfère filer un coup de poing plutôt qu’une gifle.
Aïe, pas sur la tête, Sandrine ! Je plaide coupable, et je veux bien que tu m’aides à analyser pourquoi et à me débarrasser de ces mauvais réflexes.
Toi et tes frangines, déconstruisez-moi.
Déconstruisez-moi, oui mais pas tout de suite... Pas trop vite…
Une poignée de main virile.
Non, je déconne : de gros bisous de ton Brice
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.