Changement de cap politique imminent en Allemagne?
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Après la décision lundi 16 décembre du chancelier Olaf Scholz d’affronter un vote de défiance au Bundestag, le Parlement allemand, il chamboule la situation politique de l'Allemagne. Il provoque la chute de son gouvernement, la dissolution du Bundestag et la convocation d’élections générales anticipées le 23 février prochain. Doit-on s’attendre à un changement de cap en Allemagne ?
À en croire les enquêtes d’opinion actuelles, la situation politique enAllemagne pourrait probablement changer. Selon ces sondages, c’est la CDU, le parti chrétien démocrate dirigé aujourd’hui par Friedrich Merz qui fait la course en tête, crédité de 30 à 32 % des voix. Loin devant le SPD, les sociaux-démocrates du chancelier sortant Olaf Scholz, qui obtiendraient environ 15 % des voix. La formation d’extrême droite AfD est annoncée avec un score autour des 20 %. On assiste donc à la fin de la coalition SPD / Verts / Libéraux menée par Olaf Scholz, et la victoire semble à ce stade en vue pour Friedrich Merz.
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Un dirigeant qui revient de loin ?
Le parcours et l’histoire de Friedrich Merz sont assez incroyables. Élu dès 1994 au Bundestag, il a vite vu son ascension stoppée par une certaine Angela Merkel, qui lui ravit en 2002 la présidence du groupe parlementaire de la CDU. Il se fait discret jusqu’en 2009, date à laquelle il quitte la politique pour redevenir avocat d’affaires. Ce n’est qu’en 2018 qu’il revient dans le jeu, quand Madame Merkel annonce son retrait qui prend date en 2021. Friedrich Merz est donc débarrassé du fantôme de sa plus tenace adversaire et prend les rênes de son parti. À 69 ans, il pense que son heure est enfin arrivée.
Un programme libéral en économie et conservateur sur les questions sociétales
Friedrich Merz accuse Olaf Scholz d’avoir raté sa chance au cours des trois dernières années et entend appliquer, s’il est élu, un programme libéral très orthodoxe. Respect du « frein à la dette », inscrit dans la Constitution, baisses d’impôts, allègement des droits de succession... Il veut aussi mettre fin au programme de remplacement des chaudières au gaz ou au fioul, entamé par l’actuel gouvernement pour lutter contre le réchauffement climatique, et qui fait l’objet d’un débat passionné outre-Rhin. Un programme à l’opposé de celui de son adversaire Scholz, alors que l’Allemagne traverse une vraie crise économique et risque d’être en récession pour la deuxième année consécutive, avec son secteur à l’exportation en difficulté notamment dans le secteur de l’industrie automobile, on pense notamment à Volkswagen. Conservateur sur les questions de société, il veut par exemple abolir la loi sur la légalisation du cannabis, adoptée par la majorité sortante.
Olaf Scholz, un candidat combatif
Le chancelier reste combatif et a été désigné comme le candidat du SPD. Il part certes avec un lourd handicap, mais cela ne lui fait pas peur. En 2021, déjà, on le donnait perdant, et il avait remporté le scrutin. La grande question sera celle de la coalition. Nous n’y sommes pas encore. Le choix que feront les Allemands, un mois après l’investiture de Donald Trump, en pleine guerre en Ukraine, aura bien sûr des conséquences importantes pour l’Europe et notamment la France.
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