Le Wall Street Journal vient de publier une information gênante, plutôt même très gênante : une lettre signée de la main de Trump, adressée à Jeffrey Epstein en 2003, et qui figure dans un livre d'or pour son 50e anniversaire. Une lettre plutôt salace, entourée d'un dessin représentant une femme nue et signée à l'endroit le plus explicite du dessin.

Le Wall Street Journal affirme l'avoir vue, cette lettre, et Trump hurle à la diffamation, menace de procès, et jure qu'il s'agit d'un fou. Mais voilà, le mal est fait. Ce n'est pas un journal gauchiste qui l'accuse, c'est le journal de référence de Wall Street, propriété de Robert Murdoch, l'un des plus puissants manias conservateurs au monde. C'est bien là le plus intéressant dans cette histoire. Le Wall Street Journal prouve, une fois encore, que même à droite, il existe une presse sérieuse, indépendante et capable de tenir tête au pouvoir, même quand ce pouvoir lui est idéologiquement plutôt proche.

Ce n'est pas la première fois d'ailleurs que le Wall Street Journal égratigne Trump : il y a quelques années déjà, ce quotidien économique avait critiqué sa responsabilité dans les violences du Capitole. Et, régulièrement, sa rédaction éditoriale se montre bien plus lucide que certains médias conservateurs devenus, comme Fox, des machines à flatter leur public.

Dans cette affaire Epstein, la réaction de Trump est d'autant plus explosive que le sujet est inflammable. Pendant sa campagne, et son retour au pouvoir, il avait promis qu'il dévoilerait la supposée liste de clients très puissants ayant profité du réseau d'exploitation sexuelle de mineurs d'Epstein, qu'il exposerait les élites. Mais, voilà, sa ministre de la Justice a publié une note très lapidaire. Pas de liste, pas de preuve de chantage et un suicide confirmé.

"Si Donald Trump ne publie rien, pourquoi devrait-on encore lui faire confiance ?" Trump, fidèle à lui-même, accuse tout le monde, les démocrates, Clinton, Obama, et maintenant même ses proches partisans. Je ne veux plus de leur soutien", a-t-il lâché sur son réseau social. Mais voilà, la machine, elle est lancée, car cette affaire, il l'a lui-même instrumentalisée pendant des années.

C'est là que l'intervention du Wall Street Journal prend tout son sens. Ce journal, on le lit où? On le lit dans les banques d'affaires, chez les grands patrons de multinationales, dans les grandes familles conservatrices. Il est sérieux, rigoureux, et il parle à ceux qui veulent des faits et pas des fables. Et donc, en publiant cette histoire, parfaitement sourcée, le Wall Street Journal ne fait pas seulement une révélation, il envoie un message. Le journalisme économique de qualité n'est pas un fan club, même quand le président est du bon bord. 

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--- La chronique économique d'Amid Faljaoui, tous les jours à 8h30 et à 17h30.

  

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