Nick Cave et ses apôtres en leur cathédrale
Description
Wild God (« Le dieu sauvage »), c'est le titre du dernier album de Nick Cave et de son groupe, les Bad Seeds, (« Les mauvaises graines »). Un dix-huitième opus en commun qui marque le retour en pleine lumière du plus célèbre des rockeurs australiens.
La légende, savamment distillée par les maisons de disque (Play it Again Sam, PIAS), veut que Nick cave ait commencé à concevoir Wild God le 1er janvier 2023. Une page blanche pour commencer une nouvelle année en somme, qui va emmener Nick Cave et son groupe, les Bad Seeds, jusqu'aux studios provençaux de Miraval, puis à Londres pour le mixage final. Wild God, produit par Nick Cave et son inséparable compositeur Warren Ellis, renoue avec la lumière. « C'est un album joyeux », confie le compositeur australien, « il explose de vie et de vigueur, avec une sorte de ravissement ».
La joie, selon Nick Cave – qui précise dans les extraits du dossier de presse accompagnant l'album qu'il ne faut pas la confondre avec le bonheur – passe par des arrangements somptueux, des envolées symphoniques, des codas qui éclatent au terme de crescendos émouvants. Les orchestrations de Wild God ont une ampleur magnifique qui tient aussi au plaisir qu'éprouvent les musiciens des Bad Seeds à se retrouver ensemble. Cela faisait en effet cinq ans que Nick Cave n'avait plus fait à sa bande de rockeurs (ils jouent en groupe depuis le début des années 80), depuis Ghosteen, un album à la fois émouvant et sombre, marqué par la perte d'un des fils de l'artiste.
Un composteur unique et tourmenté
Désormais, le deuil est derrière Nick Cave, qui s'il n'a pas renoué avec le bonheur, prend plaisir à ces moments joyeux et explosifs qui rythment l'album. Mais à 66 ans, l'Australien est aussi tourmenté par les questions existentielles qui agitent son âge depuis toujours. Le pêcher, la rédemption, la mort et la religion. Wild God questionne la notion de foi, la présence de dieux dans un univers violent où est invisible. La foi est une source venue de l'âme, pourrait-on écrire, pour résumer la doxa « cavienne » en la matière. Il y a chez Nick Cave une dimension mystique qu'il adosse à prose unique en son genre. Les textes de Nick Cave, à l'instar de ceux d'un Bob Dylan, méritent d'être lus, chantés, récités et pourquoi pas, enseignés.