Trump veut la paix… mais qu’elle soit rentable. Il coupe les armes… pour mieux en vendre. Il soutient l’Ukraine… sans toucher Moscou. Bienvenue dans la géopolitique à la Trump, décodée ici par Amid Faljaoui, notre chroniqueur économique.

En six mois, Donald Trump est passé de « je peux arrêter la guerre en 24 heures » à « on coupe les armes à l’Ukraine », pour finalement annoncer un retour du soutien militaire — mais à sa manière.
Lors de sa rencontre avec l’OTAN le 14 juillet dernier, Trump a détaillé sa nouvelle position. D’abord, il affirme être déçu par Vladimir Poutine. Ensuite, il donne à la Russie 50 jours pour cesser les combats, faute de quoi il promet d’imposer des sanctions économiques secondaires aux pays qui achètent encore du pétrole russe. Enfin, il évoque la reprise des livraisons d’armes à l’Ukraine.

Les pays potentiellement visés par ces sanctions seraient notamment la Chine et l’Inde, qui achètent l’essentiel du pétrole russe. Or, Trump souhaite précisément éviter une guerre commerciale frontale avec ces deux géants. D’ailleurs, les marchés ne s’y sont pas trompés : aucune réaction notable, car une véritable offensive économique ferait bondir le prix du pétrole, relancerait l’inflation, et ce serait une catastrophe.

Ce qui est intéressant dans son revirement c’est sa manière de relancer les livraisons d'armes, mais sans les financer lui-même. Trump souhaite que l’Europe achète des armes américaines pour les livrer à l’Ukraine. L’ironie, c’est que ce mécanisme pourrait fonctionner. L’Allemagne a déjà annoncé l’achat de batteries Patriot pour protéger les villes ukrainiennes des missiles russes. Et même si certains pays hésitent encore, l’idée d’utiliser les avoirs russes gelés en Europe pour financer ces achats progresse.

Dans ce désordre apparent se cache peut-être un levier stratégique. En forçant les Européens à prendre l’initiative, Trump contribue — malgré lui — à déplacer le centre de gravité de l’aide militaire vers l’Europe. Car l’Europe, contrairement à ce que l’on dit souvent, est riche. Elle a les moyens, si elle le dveut, de contenir la Russie, de financer cette guerre défensive, et surtout, de le faire en s’organisant elle-même, sans dépendre des humeurs d’un président américain imprévisible.

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--- La chronique économique d'Amid Faljaoui, tous les jours à 8h30 et à 17h30.

  

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