Un nouvel album d'enregistrements inédits de l'icône musicale pakistanaise Nusrat Fateh Ali Khan vient de sortir. Un évènement inespéré pour tous les fans du chanteur, disparu en 1997, qui ont pu se plonger dans l'écoute de cet « album perdu » intitulé Chain of light sorti sur le label Real World.

Au Pakistan, Nusrat Fateh Ali Khan est bien plus qu'un chanteur, c'est une idole. Il rend les Pakistanais tellement fiers qu'il est plus populaire qu'Elvis, Maradona et Michael Jackson réunis ! Issu d'une famille de musiciens, il perpétue une tradition vieille de 600 ans, celle du qawwalî, une musique dévotionnelle soufie.

Sur la forme, on trouve des tablas, des percussions symboliques du continent indien, des chanteurs qui répètent les textes et appuient le rythme en frappant des mains, un ou deux harmoniums, des claviers proches de l'accordéon et deux ou trois chanteurs solistes à qui le groupe réserve des plages pour l'improvisation. 

Les morceaux durent en général entre 20 et 40 minutes. Leur progression est toujours la même : ça démarre doucement, les voix se mettent en place, les percussions entrent, se renforcent progressivement, les voix s'amplifient, on arrive à un refrain, l'ensemble s'accentue, monte en pression jusqu'à atteindre une forme d'extase, censée nous rapprocher de Dieu.

Nusrat Fateh Ali Khan a fait une rencontre décisive dans sa carrière, celle de Peter Gabriel. À la fin des années 80, le musicien anglais vient de lancer Real World, un label de musique du monde, ce qui est très original à l'époque, voire unique. 

Ils décident ensemble d'enregistrer deux albums, Mustt Mustt et Nightsong sur lesquels les instruments indiens sont remplacés par des instruments occidentaux, basse, batterie, guitare, synthétiseurs pour soutenir la voix de Nusrat. Les formats aussi sont réduits à des morceaux entre 3 et 5 minutes et visent clairement le marché occidental.

Artistiquement, ces deux disques sont réussis et le succès est immédiat. Nusrat Fateh Ali Khan élargit considérablement son public du Japon aux États-Unis en passant par l'Europe. Ses musiques sont utilisées pour des films de Martin Scorsese, Oliver Stone et il se produit désormais dans le monde entier. Et au passage, il contribue largement au décollage de Real World qui se taille ainsi une réputation de label de qualité, dénicheur de pépites dans le monde entier.

Alors d'où sort cet "album perdu" dont on parle ? Des archives de Real World quand le label décide un jour de faire du ménage et là, surprise, il tombe sur des bandes vieilles de 34 ans, enregistrées au moment où Nusrat travaillait sur l'album Mustt Mustt. À l'époque, il avait voulu profiter du studio pour enregistrer des morceaux plus traditionnels. Mais les bandes avaient été mises de côté au profit des productions occidentalisées. 

Voici donc les bandes miraculeusement dépoussiérées, l'album s'appelle Chain of light.