En Arizona, le porte-à-porte pour convaincre les électeurs latinos d'aller voter
Description
Il y a quatre ans, c’est en grande partie le vote des électeurs originaires d’Amérique latine qui avait permis de faire élire Joe Biden en Arizona, un État où les Latinos représentent un quart de l’électorat. Quatre ans après, les équipes de Kamala Harris et du parti démocrate ont investi des millions d’euros pour mobiliser cet électorat. Spots publicitaires en anglais et en espagnol, évènements publics et, comme à chaque élection, le porte-à-porte pour convaincre les derniers indécis d’aller voter.
De notre envoyée spéciale à Phoenix,
Anna Hernandez est candidate pour le conseil municipal de Phoenix. Aux côtés d’une autre candidate de la communauté latino, Ylenia Aguilar, et des volontaires, elle s’apprête à faire du porte-à-porte. Son conseiller rappelle les dernières directives : « Dans le quartier où nous allons, il y a encore 1 900 bulletins qui n’ont pas été déposés, ça veut dire qu’il y a des gens qui n’ont pas encore voté, il faut les aider. Donc vous frappez aux portes et vous expliquez aux gens qu’ils ne peuvent plus les envoyer par la poste, c’est trop tard. Il faut aller dans n’importe quel centre et glisser ça dans une boîte. C’est encore possible jusqu’à mardi. »
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Sur place, beaucoup de portes resteront fermées. Pas de quoi décourager Anna Hernandez et son acolyte Francisca, exilée du Venezuela il y a 17 ans. « On a vécu la même chose au Venezuela en 1998. Une énorme polarisation, l’économie était au centre de la bataille, rappelle Francisca. Une femme s’apprêtait à gagner les élections, mais le peuple a choisi Chavez, un homme qui a tenté deux fois de prendre le pouvoir par la force. La polarisation est créée par un tissu de mensonges et c’est dégoûtant la manière dont on a déshumanisé les Latinos en Arizona. Ce sont eux les travailleurs ! Mon peuple. »
Des électeurs désabusés
Pour frapper aux portes et nouer le dialogue avec les habitants, parler espagnol est un atout. Une porte s’ouvre et Ylenia Aguilar se présente : « Bonjour Griselda, je m’appelle Ylenia Aguilar, je suis candidate pour siéger à la Commission qui régule les services comme l’électricité, l’eau et le gaz dont les prix explosent. Je veux être élue pour lutter contre les monopoles. »
Problème, Griselda, 26 ans, ne veut pas donner sa voix aux démocrates cette fois. « Non, vraiment !, insiste-t-elle. J’ai une petite entreprise et je trouve que Trump offrait plus de choses que Harris. Les petits commerces s’en sortaient mieux quand ce type était président. Aucun des deux ne me plait vraiment. Si je choisis, ce sera lui. » La femme n’en démord pas et la discussion dérive sur la gastronomie mexicaine. Ylenia Aguilar accuse le coup : « Parfois, on me dit carrément : “Je ne veux pas parler aux démocrates”. Les gens sont désabusés. Ils ne comprennent pas que l’inflation vient de politiques qui ont été menées sous Donald Trump, et donc ils le font payer à Biden et Harris. »
Une fatigue des électeurs latinos qui pourrait coûter la victoire à Kamala Harris dans l’Arizona. Mais jusqu’au bout, y compris le mardi du vote, ces candidates le promettent : elles frapperont aux portes.
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