Enseignement aux États-Unis: l'école, champ de bataille idéologique autour des programmes scolaires
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Si la politique nationale est plus que divisée depuis des années, ces tensions se retrouvent aussi à l'échelle local aux États-Unis. Ces accrocs sont cristallisés par les élections pour les postes aux conseils d'éducation (« Board of Education »). À l'échelle de chaque comté, ces élus ont leur mot à dire sur le budget et la gestion des écoles publiques. Mais ils ont surtout une influence sur les programmes scolaires. Et les conservateurs mènent une bataille féroce pour limiter l'enseignement de sujets liés aux thèmes LGBTQ+, au racisme ou aux questions de genre, tandis que démocrates et progressistes cherchent à discuter de ces sujets dans les salles de classe.
De notre correspondant à Cary en Caroline du Nord,
Une douzaine de démocrates sont réunis pour faire du porte-à-porte. Mais aujourd'hui, la journée est consacrée aux enseignants et à l'éducation, alors que dans la campagne pour la présidentielle américaine, de nombreux élus républicains accusent les enseignants d' « endoctriner » les élèves avec les thèmes LGBTQ+ ou avec les sujets liés aux minorités. Des accusations que ne supporte plus Keri McCauley, militante démocrate :
« La diversité, l'équité et l'inclusion, des termes utilisés par les républicains pour faire peur, pour que les gens pensent que nos enseignements endoctrinent nos enfants pour qu'ils soient gays ou lesbiennes, c'est absolument ridicule. »
Pour appuyer leurs propos, les démocrates ont fait appel à une enseignante, Kimberly Jones. Pour elle, l'école est le nouveau champ de bataille des républicains : « Comme on le voit dans des régimes extrêmes dans le monde, ils utilisent les méthodes que l'on voit souvent à l'œuvre dans les régimes extrémistes. Ils commencent avec les enfants pour s'assurer que seules leurs convictions et leurs visions du monde seront présentées aux enfants. »
Une des conséquences est l'interdiction par des élus républicains de livres dans les écoles publiques, ce à quoi s'oppose le démocrate Tyler Swanson, candidat à sa réélection pour le conseil d'éducation du comté de Wake : « Les livres et les bibliothèques sont des fenêtres pour que les élèves découvrent un autre monde que le leur. Ça leur permet d'aller dans un lieu où ils se sentent en sécurité, se sentent visibles, où ils peuvent imaginer un autre monde. »
« Chacun a le droit d'avoir ses propres opinions »
À une centaine de kilomètres à l'ouest, dans le comté de Wilson, Blake Boykin est aussi candidat à sa réélection au conseil d'éducation, mais avec le Parti républicain. Pour lui, toutes ces questions ne sont tout simplement pas du ressort de l'école :
« Sur l'identité de genre et les préférences sexuelles, chacun a le droit d'avoir ses propres opinions, à vivre sa vie comme il le souhaite. Et ni moi, ni personne d'autre, ne veut porter atteinte à ça. Ce que je ne veux pas, c'est que ce soit à des enfants très jeunes qu'on puisse leur dire qu'une personne peut naître comme garçon et se réveiller et devenir une fille. Cela crée de la confusion, surtout à un jeune âge. »
Cette guerre culturelle ne touche pas seulement la Caroline du Nord. Pour les interdictions de livres, l'association Pen America a recensé au deuxième semestre de 2023 plus de 4 000 interdictions de livres dans l'ensemble du pays. Un chiffre qui a plus que doublé par rapport au précédent semestre.