L’intégration des espaces verts dans les stratégies de développement urbain en Afrique de l’Ouest
Description
Wathi a organisé en juin dernier en partenariat avec le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, une table ronde virtuelle sur le thème : « urbanisation et changement climatique, les espaces verts dans les villes ouest-africaines ». Alors, pourquoi des espaces verts et quel lien avec l’urbanisation ?
Par Bergedor Hadjihou, chargé de recherche et membre du groupe de réflexion Citoyen pour l’Afrique de l’Ouest Wathi.
En ouverture de cette discussion, une présentation de Brilé Anderson, économiste au Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest avec des données géospatiales précises, montre que le taux de l’empreinte urbaine couverte par les espaces verts en Afrique de l’Ouest varie d’un pays à l’autre mais diminue rapidement avec le développement urbain. Il reste seulement 15% d’espaces verts à Accra au Ghana et 20 % à Abuja au Nigeria. Ce taux est un peu significatif à Cotonou au Bénin avec 29 % d’espaces verts urbains.
On parle ici de jardins publics, de petites terres forestières, des arbres alignés le long des routes, des herbes courtes à proximité des habitations, des bassins d’eau, des potagers dont la présence autour des villes permet de réduire la pollution atmosphérique, d’atténuer les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les fortes pluies, les tempêtes, les inondations et les vagues de chaleur.
Un de nos panélistes, Mélaine Assè-Wassa Sama, Chargé de projet de l'action climat en Afrique à l'Association Climate Chance a rappelé: « qu’entre mars et avril 2024, il y a eu une canicule dans les villes du Sahel notamment au Mali et au Burkina Faso. Un exemple qui m’a frappé au cours de cette période, c’est qu’à Bamako, dans un hôpital où on a accueilli des malades, 102 personnes sont décédées. La moitié des victimes sont âgées de plus de 60 ans. L’une des principales causes de ces décès, selon l’hôpital, est la chaleur ».
Et parmi les nombreux défis que pose la diminution des espaces verts dans les villes ouest-africaines, il y a également celui de la préservation de l’agriculture urbaine.
Absolument. Largement pratiqué autrefois, ce mode de vie est en déclin partout. Au Sénégal, des zones comme celles de la périphérie de Dakar, de par leurs végétations abondantes, jouaient un rôle crucial dans la production alimentaire locale. Plus l’urbanisation se développe, plus ces zones agricoles disparaissent. Ainsi, à la question de la cherté des produits vivriers dans les villes, Alé Badara Sy, Expert en développement des villes vertes et Président du Club de réflexion sur l'urbain au Sénégal estime que : « c’est parce que les circuits d'approvisionnement sont devenus très éloignés. Néanmoins, on peut utiliser les terrasses pour faire du micro-jardinage, de petits pots pour les plantes ».
Alors, face à l’urbanisation croissante, comment les villes peuvent-elles s’adapter au besoin d’aménagement, de disponibilité et d’accessibilité des espaces verts ?
Parmi les nombreuses pistes d’actions évoquées, il y a celle-ci qui est d’Alé Badara Sy: « Chaque commune doit avoir un urbaniste. L’urbaniste est le meilleur ami du maire pour le développement de sa localité. Au Sénégal, il n’y a pas plus de cinq villes qui disposent d’un urbaniste. L’esthétique urbaine est une compétence nécessaire pour avoir des espaces verts fonctionnels et agréables ».
Quant à Aminata Sidibé, Fondatrice de l'ONG Écologie universelle qui promeut des solutions locales et inclusives pour relever les défis de l'urbanisation et du changement climatique en Afrique de l'Ouest, elle a souligné qu’en milieu périurbain mauritanien, la forêt classée de Dar El Barka du nom d’une commune avec un espace vert très important a été impactée par les changements climatiques, le déboisement et les coupes sauvages. Pour la sauvegarde durable, les habitants ont pu remonter leurs besoins aux collectivités territoriales en installant des éco-villages de part et d’autre de cette ressource forestière. Avoir des espaces verts communautaires gérés en toute responsabilité par les populations qui comprennent l’utilité et la nécessité de les entretenir est un objectif bien atteignable.
► Pour aller plus loin : Table ronde virtuelle : Ubanisation et changement climatique : les espaces verts dans les villes ouest-africaines