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Après deux ans de guerre, Gaza n’est plus qu’un champ de ruines. Son économie s’est effondrée de plus de 80 %, la majorité de la population est au chômage et dépend de l’aide humanitaire. En Israël, la facture budgétaire de la guerre dépasse les 50 milliards de dollars, mais la résilience du pays reste étonnante. Entre ruines et rebond, le contraste est saisissant. Deux ans de guerre, et Gaza est dévastée. Les images aériennes parlent d’elles-mêmes : neuf bâtiments sur dix sont touchés, dont trois sur cinq entièrement rasés. 80 % des infrastructures sont détruites, la moitié des hôpitaux ne fonctionnent plus, les écoles sont en ruines et les routes impraticables. Presque plus aucune terre n’est aujourd’hui cultivable : près de 98 % des champs sont endommagés ou inaccessibles. L’économie, elle, est à terre. Huit habitants sur dix sont au chômage. Le PIB s’est effondré de plus de 80 % l’an dernier, poursuivant sa chute début 2025. La Banque mondiale parle de "l’un des pires désastres économiques jamais enregistrés" dans la région. La quasi-totalité des habitants dépend de l’aide humanitaire, qui arrive de manière irrégulière. Les prix ont flambé, puis chuté avec la trêve : un sac de riz valait parfois plusieurs dizaines de dollars. Et comme les banques sont détruites, les Gazaouis utilisent désormais des portefeuilles électroniques : plus de 530 000 comptes mobiles recensés. La reconstruction, elle, s’annonce titanesque : plus de 50 milliards de dollars selon la Banque mondiale, dont 20 milliards à mobiliser dans les trois prochaines années. C’est trois fois le PIB annuel combiné de Gaza et de la Cisjordanie. Même avec une paix durable, le PIB par habitant ne retrouverait son niveau d’avant-guerre avant 2038. En Israël aussi, la guerre a bouleversé l’économie. Traumatisée par le 7-Octobre, la société reste marquée : chaque famille a eu un proche mobilisé, un autre décédé ou otage. Sur le plan budgétaire, plus de 50 milliards de dollars ont été dépensés pour l’effort de guerre. Le déficit public a bondi à près de 7 % du PIB l’an dernier, et devrait rester au-dessus de 5 % en 2025. La dette dépasse désormais 70 % du PIB, un niveau inédit pour le pays. S’ajoute un isolement international : Israël a été la cible de nombreux boycotts, jusqu’au monde de la culture où concerts et films ont été déprogrammés. Et pourtant, l’économie tient debout. Le high-tech résiste, le gaz naturel continue d’être exporté et la consommation redémarre. La croissance est attendue à + 2,5 % cette année, et pourrait grimper à + 4,7 % en 2026, selon la Banque d’Israël. Un rebond qui, s’il se confirme, marquerait peut-être le début d’un véritable “dividende de la paix".
Une suspension de la réforme des retraites pourrait coûter très cher à la France, mais l'option est désormais sur la table : c'est peut-être le prix à payer pour obtenir un consensus sur le budget 2026 et ainsi tenter de résoudre la crise politique qui pèse lourdement sur les finances publiques.
Depuis minuit (heure de Washington), les États-Unis sont officiellement entrés en shutdown. Faute d’accord budgétaire entre Républicains et Démocrates, 750 000 fonctionnaires sont mis au chômage technique, les services fédéraux tournent au ralenti, et les marchés s’inquiètent. Les États-Unis connaissent depuis cette nuit leur 23ᵉ shutdown depuis 1976. Faute d’accord au Congrès sur le budget, une grande partie du gouvernement fédéral est à l’arrêt. Près de 750 000 fonctionnaires sont mis en congé forcé et ne sont plus payés, représentant un manque à gagner estimé à 400 millions de dollars par jour. Seuls les services essentiels continuent à fonctionner – sécurité nationale, police fédérale, contrôle aérien, armée – mais sans rémunération immédiate pour leurs personnels. En revanche, de nombreux services ferment totalement : musées, parcs nationaux, délivrance de permis administratifs, une grande partie des services fiscaux, et même les organismes de recherche comme le NIH. Certaines aides sociales risquent également d’être suspendues. Les répercussions touchent aussi le secteur privé : de nombreuses entreprises dépendantes de commandes publiques voient leurs paiements bloqués, mettant en danger leur trésorerie. Les marchés financiers s’inquiètent de cette paralysie. Non seulement elle alimente l’incertitude, mais elle prive aussi les investisseurs d’indicateurs cruciaux : le Bureau of Labor Statistics (BLS) ne publiera pas, comme prévu ce vendredi, les chiffres mensuels de l’emploi. Une absence qui complique le travail de la Réserve fédérale, privée d’un signal essentiel pour ajuster sa politique monétaire. Selon le CBO (Congressional Budget Office), le précédent shutdown – le plus long de l’histoire américaine, 35 jours en 2018-2019 – avait coûté 11 milliards de dollars à l’économie, dont 3 milliards définitivement perdus, soit environ 0,02 point de PIB. Les États-Unis en comptent désormais 23. Dans les années 1980, ces blocages étaient fréquents mais courts (1 à 2 jours). Depuis, ils durent plus longtemps : 17 jours sous Obama, 35 jours sous Trump… À chaque fois, l’impact économique est temporaire, mais l’image des États-Unis est écornée : celle d’une superpuissance incapable de voter son propre budget.
L’éditeur américain de jeux vidéo Electronic Arts, créateur de FIFA, Les Sims ou Battlefield, va sortir de la Bourse après une offre de rachat de 55 milliards de dollars. Une opération financière XXL… mais aussi éminemment politique, qui associe le fonds souverain saoudien et Jared Kushner, gendre de Donald Trump. Electronic Arts (EA) change de mains. L’éditeur mythique de jeux vidéo, connu pour ses franchises planétaires comme Football FC (ex-FIFA), Les Sims ou Battlefield, va être racheté pour 55 milliards de dollars par un consortium mené par le fonds américain Silver Lake, déjà actif dans la tech et le gaming. L’opération, qui valorise EA 25 % au-dessus de son cours actuel, doit encore recevoir l’aval des autorités de régulation avant de sortir le groupe de la Bourse en 2026. Derrière Silver Lake, deux partenaires suscitent l’attention : le fonds souverain saoudien PIF et Affinity Partners, créé par Jared Kushner. L’ex-conseiller et gendre du président américain Donald Trump a lancé ce fonds en 2021, largement financé par Riyad. Sa présence illustre les liens étroits entre la famille Trump et l’Arabie saoudite, bien au-delà du politique. En parallèle, la Trump Organization vient d’annoncer un projet immobilier géant à Jeddah. Pour l’Arabie saoudite, l’investissement dans EA dépasse la simple logique financière. Le royaume utilise le sport, la culture et désormais le jeu vidéo comme instruments de soft power. Le PIF a déjà acquis le japonais SNK, pris des parts dans Nintendo, et investi dans Scopely (Monopoly Go) ou Niantic (Pokémon Go). Riyad se projette aussi dans l’e-sport : il accueillera en 2027 les premiers Jeux olympiques d’e-sport. Pour les joueurs, l’avenir reste incertain. D’un côté, EA libéré de la pression boursière pourrait disposer de plus de liberté créative. De l’autre, les critiques dénoncent un risque de "gameswashing" : utiliser le jeu vidéo pour améliorer l’image d’un régime, avec le danger d’une influence politique jusque dans les contenus. Ce rachat d’Electronic Arts va donc bien au-delà du secteur vidéoludique. C’est un symbole de notre époque : l’influence culturelle se joue autant dans les stades… que sur les consoles.
Le premier groupe aérien européen a confirmé lundi un vaste plan social. Plus de 20 % des effectifs administratifs seront supprimés d’ici 2030, soit 4 000 postes, alors que Lufthansa est sous pression financière et doit composer avec les retards de livraison d’avions neufs. Lufthansa a officialisé lundi 29 septembre, lors d’une conférence investisseurs à Munich — la première depuis six ans —, la suppression de 4 000 postes d’ici 2030. Le plan vise principalement les fonctions administratives, avec plus de 20 % des effectifs de bureau supprimés. Le groupe allemand, qui emploie environ 103 000 personnes et contrôle aussi Discovery, Swiss, Austrian, Brussels Airlines, Eurowings et Ita Airways, veut ainsi réduire ses coûts et simplifier son organisation. Lufthansa reste pourtant leader en Europe, devant IAG et Air France-KLM, mais fait face à une marge opérationnelle en recul (4,4 % en 2024 contre 7,5 % en 2023), à la hausse des coûts de carburant et de maintenance, ainsi qu’aux retards dans les livraisons d’avions neufs : Boeing 787, Airbus A350 et Boeing 777X, dont la mise en service est reportée à 2026. Le défi est de taille : convaincre les investisseurs que le plan permettra un retour à la compétitivité, tout en évitant une crise sociale. Les syndicats, déjà en désaccord avec la direction, pourraient relancer des mouvements de grève. Au-delà de Lufthansa, c’est l’ensemble du secteur aérien européen qui reste confronté aux mêmes défis : concurrence des compagnies low-cost, explosion des coûts et pression environnementale.
Conçu pour remplacer le Rafale et l’Eurofighter d’ici 2040, le programme SCAF – porté par la France, l’Allemagne et l’Espagne – est aujourd’hui à l’arrêt. Derrière les ambitions d’autonomie stratégique européenne se cachent des rivalités industrielles tenaces, au point que Paris menace désormais de poursuivre seul le projet. Le SCAF, pour "Système de combat aérien du futur", est l’un des plus vastes projets militaires européens. Lancé en 2017 par Angela Merkel et Emmanuel Macron, il doit aller bien au-delà d’un simple avion de chasse : il s’agit d’un système complet, intégrant drones, satellites et réseaux de communication de pointe, avec son propre cloud. Objectif : garantir à l’Europe une autonomie stratégique face aux États-Unis et à la Chine. Mais le projet est aujourd’hui enlisé. Officiellement, seize grandes entreprises participent à sa conception – parmi lesquelles Dassault, Thales, Safran, MBDA, Airbus ou encore l’espagnol Indra. Dans les faits, c’est surtout la rivalité entre Dassault Aviation et Airbus qui bloque. Le constructeur français, fort de son expérience avec le Rafale, refuse de céder la maîtrise de la conception à son partenaire allemand, qui réclame un partage plus équilibré. Alors que l'Allemagne s'est dite prête à se tourner vers d'autres partenaires, le patron de Dassault, Éric Trappier, a menacé de poursuivre le projet seul si l’industriel français perdait la maîtrise d’œuvre de la conception de l'avion. Côté gouvernement français, le ton se durcit aussi : Paris dit désormais être prêt à avancer seul. Mais la tâche paraît titanesque : le Rafale a déjà coûté près de 45 milliards d’euros depuis son lancement. Le SCAF pourrait dépasser les 100 milliards, une somme difficile à assumer pour un seul pays, surtout lorsqu'il est endetté à plus de 115%, malgré l’expertise de Dassault, Safran ou Thales. Au-delà des coûts, les enjeux sont considérables : des dizaines de milliers d’emplois en Europe, des retombées technologiques majeures, mais aussi un calendrier sous pression. Le premier vol était prévu pour 2027. Tout retard prolongerait la dépendance aux avions actuels, voire pousserait certains pays européens à acheter américain.
Jusqu'ici l'activité économique avait plutôt bien résisté, mais l'OCDE prévient qu'un ralentissement est à prévoir pour les prochains mois. La croissance était de 3,3 % en 2024, elle sera de 3,2 % en 2025. Et pour 2026, la prévision est de 2,9 %. Mais lorsque l'économie mondiale se porte bien, la croissance est d'environ 4 %, la différence est donc énorme. À l'origine de ce ralentissement : les nouveaux droits de douane américains, qui s'élèvent en moyenne à 19,5 %, les plus hauts depuis 1933.
Au lendemain des attaques terroristes du 7-Octobre, le gouvernement de Benjamin Netanyahou a imposé des mesures drastiques aux territoires palestiniens. Alors que la France et d'autres pays reconnaissent ce lundi 22 septembre l'Etat de Palestine devant les Nations unies, la réalité économique de Gaza et de la Cisjordanie est celle de territoires qui vivent une crise économique majeure. Dans la bande de Gaza, la pauvreté touche presque 100% de la population, 80% des actifs sont au chômage et le PIB s'est contracté de 80% environ. En Cisjordanie, c'est moins mauvais : "seulement" 35% de chômage et un recul du PIB de 14,5%.
Le décret signé par Donald Trump multiplie par vingt le coût du visa H-1B, indispensable aux ingénieurs étrangers de la Silicon Valley. Une mesure qui inquiète les entreprises technologiques et l’Inde, premier pays concerné. C’est une décision spectaculaire : depuis ce dimanche, toute nouvelle demande de visa H-1B, le précieux sésame qui permet aux ingénieurs étrangers de travailler dans la Silicon Valley, coûte désormais 100 000 dollars. Jusque-là, les frais administratifs se comptaient en milliers de dollars. Le gouvernement américain justifie ce bond par la volonté de protéger le marché du travail et de limiter ce qu’il considère comme des “abus” du système H-1B. Donald Trump assure que certaines entreprises recourent à ces visas pour faire venir des ingénieurs “moins chers” et exercer une pression à la baisse sur les salaires américains. Mais la décision soulève un tollé. L’Inde, dont sont originaires près de 71 % des bénéficiaires de H-1B, a exprimé ses inquiétudes, tout comme l’association professionnelle indienne Nasscom qui parle d’un “choc brutal”. Des familles se retrouvent bloquées, des projets informatiques sont perturbés, et les entreprises indiennes de services craignent de lourdes pertes. Aux États-Unis, Microsoft, Amazon ou encore JP-Morgan ont recommandé durant le week-end à leurs salariés étrangers de ne pas voyager pour éviter d’être coincés à l’extérieur. Pour les startups, la facture pourrait être insoutenable. Surtout, la mesure pourrait se retourner contre les États-Unis eux-mêmes. Les talents étrangers ont largement contribué à l’essor de la tech américaine. Satya Nadella (Microsoft) et Sundar Pichai (Google) sont tous deux nés en Inde. Et selon une étude de l’Université de Stanford, près de la moitié des fondateurs des 500 licornes américaines sont d’origine étrangère, beaucoup ayant bénéficié du fameux visa H-1B. Autrement dit : en érigeant de telles barrières financières, Washington prend le risque de tarir une source d’innovation qui a fait sa force depuis des décennies.
Le président américain et le Premier ministre britannique Keir Starmer ont annoncé plus de 280 milliards de livres d’investissements croisés - un record pour le Royaume-Uni -, concentré dans la tech, le nucléaire et la finance. Mais Londres n’a pas obtenu la suppression des droits de douane sur l’acier et l’aluminium. La visite d’État de Donald Trump au Royaume-Uni se traduit par une pluie d’annonces économiques. Downing Street a dévoilé hier soir 150 milliards de livres d’investissements américains promis au Royaume-Uni — le montant le plus élevé jamais généré lors d’une visite officielle. Ces capitaux concerneront des secteurs stratégiques. Dans la technologie : Microsoft investira 22 milliards de livres dans un supercalculateur et des centres de données géants, Google 5 milliards dans un site d’IA neutre en carbone, et Nvidia prévoit de déployer 120 000 processeurs pour faire du Royaume-Uni un pôle mondial de l’IA. Dans le nucléaire civil, Washington et Londres s’engagent à développer des réacteurs modulaires avancés avec l’appui d’investisseurs privés américains. Dans la finance : Blackstone prévoit à lui seul 90 milliards de livres sur dix ans, dans l’immobilier, les infrastructures et les énergies vertes. En miroir, les entreprises britanniques annoncent 130 milliards de livres d’investissements aux États-Unis. Le gouvernement de Keir Starmer s’engage par ailleurs à acheter pour 60 milliards directement auprès d’entreprises américaines. Au total, près de 280 milliards de livres (plus de 300 milliards d’euros) d’investissements croisés sont annoncés. Un record pour Londres, mais pas pour le monde : Donald Trump avait déjà engrangé plus de 1 000 milliards de dollars de promesses lors de sa tournée dans le Golfe au printemps. Sur le volet commercial en revanche, c’est un revers pour Downing Street. Londres espérait obtenir la suppression des droits de douane sur l’acier et l’aluminium exportés vers les États-Unis. Mais Donald Trump a refusé. Les tarifs de 25 % restent en vigueur, avec pour seule concession américaine la promesse d’un plafond stable. Le grand traité de libre-échange promis au moment du Brexit reste, pour l’heure, hors de portée.
Alors que la Réserve fédérale américaine (Fed) achève ce mercredi sa réunion de politique monétaire, les marchés s’attendent à une baisse des taux, malgré une inflation persistante. Une décision scrutée de près, sur fond de pressions directes de Donald Trump et de divisions inédites au sein du conseil des gouverneurs. Pour la première fois depuis décembre, les investisseurs tablent sur une baisse des taux directeurs de la Réserve fédérale américaine (Fed). Actuellement fixés dans une fourchette de 4,25 % à 4,50 %, ils pourraient être réduits dès ce soir de 25 points de base, revenant entre 4 % et 4,25 %. Une détente qui correspondrait au vœu de Donald Trump, qui multiplie les attaques contre Jerome Powell, président de la Fed. Ces derniers jours encore, le président américain publiait sur son réseau Truth Social : "'Too Late' [le surnom qu’il donne au président de la Fed Jerome Powell] DOIT BAISSER LES TAUX D’INTÉRÊT, MAINTENANT, ET PLUS FORTEMENT QUE CE QU’IL A EN TÊTE. LE MARCHÉ IMMOBILIER VA REMONTER!!!" La pression présidentielle ne se limite pas aux mots. Trump a tenté de révoquer la gouverneure Lisa Cook, sans succès, la justice ayant bloqué sa décision. Mais il a obtenu la confirmation de Stephen Miran, l’un de ses proches conseillers économiques, pour un mandat provisoire au sein du conseil de la Fed. Une première en 90 ans : un conseiller économique de la Maison-Blanche siège désormais au directoire de la Fed, tout en conservant son rôle, en congé sans solde. Résultat : la Fed est aujourd’hui divisée. Mais ce sont bien les 12 membres (7 gouverneurs et 5 présidents de Fed régionales, dont celui de New York) qui trancheront. L’équilibre est fragile, chaque voix peut compter. Pour Jerome Powell, dont le mandat s’achève en mai 2026, la réunion de ce mercredi n’est qu’une étape dans une dernière ligne droite périlleuse. Celui qui avait été nommé par Donald Trump en 2018 est devenu l’un de ses plus farouches opposants, défenseur de l’indépendance de la banque centrale américaine. Trump avait même envisagé de le limoger cet été, avant de reculer face à la réaction immédiate et négative des marchés.
Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu reçoit ces derniers jours les partis politiques et partenaires sociaux et doit trouver des économies pour le budget 2026. 44 milliards d'économies étaient prévues par le budget Bayrou, avec des clés de bras qui avaient fâché et entraîné la chute de son gouvernement. Ce sera probablement moins dans la version Lecornu. Mais il faut faire vite alors que l'agence Fitch a déjà dégradé la note souveraine de la France et que les syndicats, toujours décidés à revenir sur les réformes de l’assurance-chômage et surtout, de la retraite, appellent à une grande journée de mobilisation le jeudi 18 septembre.
Ursula von der Leyen et Mario Draghi ouvrent ce mardi une conférence à Bruxelles consacrée à l’avenir de la compétitivité européenne. Un an après la remise du rapport Draghi, où en est-on de ses 383 recommandations ? Il y a un an, le 9 septembre 2024, Mario Draghi remettait à la Commission européenne un rapport fleuve de plus de 400 pages sur la compétitivité de l’Union. Le constat est sans appel : l’Europe décroche face aux États-Unis et à la Chine. Croissance trop faible, productivité en berne, investissements insuffisants… Le Vieux Continent risque de rester à la traîne s’il ne change pas d’échelle. Pour inverser la tendance, l’ancien président de la BCE formule 383 recommandations : investir 750 à 800 milliards d’euros par an, simplifier les réglementations pour les PME, et créer un véritable marché européen des capitaux, afin de mobiliser l’épargne vers l’innovation et l’industrie. Un an après, les résultats sont modestes. Selon le Draghi Tracker, à peine 11 à 14 % des mesures ont été appliquées. Bruxelles a lancé une feuille de route, quelques simplifications ont été engagées, mais les blocages restent nombreux : réticences à une dette commune, lenteur de l’union des marchés de capitaux, divergences nationales… La France, de son côté, est empêtrée dans ses difficultés politico-budgétaires. Il y a tout de même des signaux positifs, comme l’annonce de l’investissement du groupe néerlandais ASML dans la pépite française Mistral AI, preuve que l’Europe peut soutenir ses champions technologiques. Si la conférence organisée par Ursula von der Leyen et Mario Draghi remet le rapport sous les projecteurs, elle doit surtout répondre à une question : les dirigeants européens sont-ils prêts à passer des intentions aux décisions concrètes.
Moins d’une semaine après sa nomination à Matignon, le nouveau Premier ministre a enterré la mesure la plus contestée du projet Bayrou : la suppression de deux jours fériés. Mais à l’approche du débat budgétaire, il doit désormais composer avec les syndicats mobilisés, le patronat en alerte, et une dégradation de la note de la France par Fitch. À peine nommé, Sébastien Lecornu doit déjà faire face à une équation budgétaire explosive. Le calendrier est serré : le projet de loi de finances 2026 doit être présenté en Conseil des ministres à la mi-octobre pour être adopté avant le 31 décembre. Depuis vendredi, le Premier ministre consulte les partenaires sociaux. Ce lundi, il reçoit la CGT et la CFTC, alors que les syndicats appellent à une grande mobilisation jeudi 18 septembre contre les mesures d’austérité. En parallèle, deux organisations patronales, la CPME et l’U2P, sont également attendues à Matignon. Patrick Martin, le patron du Medef, rencontré vendredi, a déjà prévenu : il s’oppose à toute hausse d’impôts sur les entreprises, et se dit prêt à mobiliser lui aussi. Pour apaiser les tensions, Sébastien Lecornu a annoncé dimanche l’abandon de la suppression de deux jours fériés, une mesure rejetée par plus de 80 % des Français, mais aussi par les syndicats et le Medef. D’autres points restent cependant explosifs, comme l’"année blanche" – gel des retraites, des prestations sociales et du barème fiscal – estimée à 7 milliards d’euros d’économies. En toile de fond, la pression vient aussi des marchés. Vendredi, l’agence Fitch a abaissé la note de la France à A+. Le déficit est attendu à 5,4 % du PIB en 2025 et 4,6 % en 2026 selon la version Bayrou, une trajectoire déjà jugée intenable. Résultat : la France emprunte désormais plus cher que la Grèce, l’Espagne ou le Portugal, avec un écart de taux de 80 points de base par rapport à l’Allemagne. Moody’s doit publier son verdict fin octobre, puis Standard & Poor’s en novembre. Autrement dit : ce budget devra convaincre les parlementaires, les partenaires sociaux… et les marchés financiers.
Avec la démission de François Bayrou, la France doit rapidement trouver un gouvernement capable de faire voter un budget. Selon une note de Bercy révélée par Les Échos, sans nouveau texte adopté d’ici au 31 décembre, le déficit public repartirait à la hausse, de 5,4 % à 6,1 % du PIB. La démission de François Bayrou ouvre une période d’incertitude politique et budgétaire. Car derrière le jeu des alliances, une urgence domine : trouver un budget avant le 31 décembre. Faute de quoi, la France serait contrainte de reconduire le budget actuel. Une option jugée intenable par Bercy, qui anticipe alors une dérive du déficit public à 6,1 % du PIB en 2025, contre 5,4 % cette année. Plusieurs scénarios sont sur la table. Renaissance et le socle central défendent une ligne de stricte responsabilité budgétaire : retour sous les 3 % en 2029, environ 45 milliards d’euros d’économies, pas de nouveaux impôts mais une réduction continue des dépenses de l’État. Une stratégie critiquée pour son austérité, mais qui vise à rassurer Bruxelles et les marchés. Le Parti socialiste propose un budget alternatif : ralentir les économies (44 milliards étalés sur deux ans) et lancer un grand plan de relance, avec 19 milliards d’investissements dans la transition écologique, la santé et l’éducation. Pour financer ce programme, il mise notamment sur la taxe Zucman, un impôt plancher de 2 % sur les patrimoines de plus de 100 millions d’euros, qui pourrait rapporter jusqu’à 15 milliards d’euros par an. Le Rassemblement national avance une politique presque inverse : suppression de l’Aide médicale d’État, accès restreint à certaines allocations pour les étrangers, rétablissement d’une exit tax renforcée. Mais aussi un geste en faveur des entreprises : la baisse des impôts de production, ces taxes qui pèsent avant même la réalisation de bénéfices. La France insoumise, enfin, refuse totalement la logique d’austérité. Jean-Luc Mélenchon plaide pour une rupture complète : un plan de relance financé par la dépense publique, de lourds investissements dans la transition écologique et un audit citoyen de la dette, avec la possibilité d’en annuler une partie jugée illégitime. Quatre visions très différentes, mais une même contrainte : sans budget adopté rapidement, la France risque de voir son déficit repartir à la hausse.
Le plus grand salon automobile d’Europe s’ouvre ce lundi à Munich, en Allemagne. Les constructeurs y dévoilent leurs modèles électriques et hybrides, mais alertent dans le même temps Bruxelles : l’objectif de mettre fin aux ventes de voitures thermiques en 2035 leur paraît irréalisable. Le salon IAA Mobility de Munich s’annonce comme la grande vitrine de l’automobile européenne. Renault y présente la nouvelle Clio 6 hybride, héritière d’un succès : la Clio 5, voiture la plus vendue en Europe depuis le début de l’année. Volkswagen, Mercedes ou BMW rivalisent aussi de nouveautés, aux côtés des constructeurs chinois comme BYD ou MG, qui veulent séduire le marché européen avec des modèles à prix cassés. Mais derrière l’innovation, les inquiétudes s’expriment. Les constructeurs européens jugent intenable l’objectif fixé par Bruxelles de mettre fin aux ventes de voitures thermiques en 2035. Dans une lettre envoyée le 27 août à Ursula von der Leyen, l’ACEA, l’association européenne du secteur, demande une plus grande flexibilité, la prise en compte des modèles hybrides et davantage d’aides publiques. Ils doivent rencontrer la présidente de la Commission vendredi dans le cadre d’un "dialogue stratégique". Leurs arguments s’appuient sur plusieurs constats : les ventes de véhicules électriques ont progressé de 40 % en juillet, mais leur part de marché reste limitée à environ 15 %, loin des 25 % attendus. Par ailleurs, le prix des véhicules électriques demeure plus élevé que celui des modèles thermiques, tandis que les infrastructures restent insuffisantes - il faudrait installer 8 300 bornes de recharge par semaine en Europe d’ici 2030, deux fois plus qu’au rythme actuel. Enfin, la dépendance aux matières premières, notamment aux batteries importées de Chine, fragilise encore l’industrie. À ces difficultés s’ajoutent les droits de douane américains de 15 % imposés par Donald Trump, qui pénalisent les constructeurs européens. Résultat : certaines usines, notamment en Allemagne et en Belgique, ferment déjà leurs portes. Les associations écologistes, elles, appellent à ne pas fléchir. Transport & Environnement estime que la plupart des constructeurs sont en réalité sur la bonne trajectoire et qu’un recul sur les objectifs ferait perdre du temps face à la concurrence chinoise, qui produit déjà presque exclusivement de l’électrique.
La Commission nationale de l’informatique et des libertés a infligé 325 millions d’euros d'amende à Google et 150 millions d’euros à Shein. Deux sanctions spectaculaires, qui marquent une étape dans la volonté française de réguler les pratiques numériques des géants mondiaux. Décryptage. La CNIL sort l’artillerie lourde. L’autorité française de protection des données a annoncé, ces dernières heures, deux sanctions majeures : 325 millions d’euros d’amende pour Google et 150 millions d’euros pour le géant chinois Shein. La CNIL reproche à Google deux manquements principaux. Concernant la messagerie Gmail, il est reproché la diffusion de publicités ressemblant à des courriels, dans les onglets "Promotions" ou "Réseaux sociaux", sans le consentement préalable des utilisateurs. Une pratique jugée contraire à la loi Informatique et Libertés et aux directives publiées par la CNIL en 2019. Et concernant la création de compte Google, il est reproché l’installation automatique de cookies et traceurs permettant de suivre l’utilisateur et de personnaliser les publicités, sans information claire ni accord explicite. Résultat : 325 millions d’euros d’amende, un record absolu pour la CNIL. Google dispose de six mois pour se mettre en conformité, sous peine de payer une astreinte de 100 000 euros par jour de retard. Le site de prêt-à-porter Shein est lui aussi épinglé pour ses pratiques : jusqu’à récemment, des cookies publicitaires s’installaient automatiquement dès l’arrivée sur le site, avant même tout consentement et restaient parfois actifs malgré un refus. Simultanéité La CNIL a prononcé une amende de 150 millions d’euros, la première sanction de ce type contre Shein en France. Le groupe a déjà annoncé son intention de faire appel devant le Conseil d’État et la Cour de justice de l’Union européenne, jugeant la sanction "disproportionnée". Ces sanctions sont inédites à plusieurs titres : le montant cumulé - 475 millions d’euros - est inédit pour la CNIL. La simultanéité : sanctionner le même jour un géant américain et un mastodonte chinois envoie un signal fort aux plateformes mondiales. Le message politique, enfin : depuis 2020, la CNIL a déjà prononcé plus de 200 mises en demeure et une cinquantaine d’amendes – dont quatre contre Google – mais jamais avec de tels montants en une seule fois. Un contraste saisissant avec Bruxelles, où la Commission européenne a récemment annulé une sanction contre Google sous pression américaine, et avec Washington, où un juge a condamné le groupe cette semaine mais sans aller jusqu’au démantèlement envisagé. Google a néanmoins passé un très mauvais mercredi avec une amende monstre dans une autre affaire aux Etats-Unis : 425 millions de dollars - soit 365 millions d'euros - pour atteinte à la vie privée de près de 100 millions de victimes.
Depuis le 27 août, certains produits indiens sont taxés à 50 % à leur entrée sur le marché américain. Donald Trump sanctionne New Delhi pour ses achats de pétrole russe. Si l’impact économique reste limité à l’échelle nationale, certains secteurs, comme le textile, sont déjà frappés de plein fouet. Les sanctions américaines contre l’Inde se sont alourdies la semaine dernière. Après avoir imposé en avril 25 % de droits de douane sur une série de produits indiens, Washington a décidé d’ajouter une nouvelle tranche de 25 %. En clair, certains produits indiens sont désormais taxés à hauteur de 50 % aux États-Unis, faisant de l'Inde le deuxième partenaire le plus touché après le Brésil. Donald Trump a justifié ces mesures par la volonté de sanctionner New Delhi, accusée de continuer à importer massivement du pétrole russe malgré les sanctions occidentales. Si l’impact se fait sentir, il reste limité à l’échelle macroéconomique. Goldman Sachs estime que ces mesures pourraient coûter 0,6 point de croissance à l’Inde. Avant leur mise en place, la croissance 2025 était estimée à 6,5 %. Elle pourrait désormais passer juste sous les 6 %. Une baisse, certes, mais contenue pour une économie qui reste largement portée par son marché intérieur. Par ailleurs, de nombreux secteurs échappent aux sanctions : les services, un pilier de l’économie indienne, ainsi qu’un tiers des biens exportés, comme la pharmacie, l’électronique – y compris les iPhones assemblés localement – ou encore certaines filières énergétiques. En revanche, des secteurs comme le textile sont en première ligne. Dans la banlieue de Delhi, certaines usines ont licencié jusqu’à 20 % de leurs effectifs dès l’entrée en vigueur des nouveaux droits de douane. À voir aussiL'Inde riposte aux droits de douane américains de Donald Trump Pour rebondir, l’Inde explore plusieurs pistes. D’abord, diversifier ses débouchés commerciaux en Asie, en Europe ou en Afrique, où certains industriels envisagent même de délocaliser une partie de leur production. Ensuite, négocier avec Washington : New Delhi a proposé d’acheter davantage de produits américains, notamment du matériel militaire, et même d’abaisser à zéro ses propres droits de douane sur les exportations américaines. Mais pour l’instant, la Maison Blanche n’a pas donné suite. La négociation continue, et l’incertitude plane sur une partie de l’économie indienne.
François Bayrou accuse l’Italie de pratiquer une politique fiscale agressive pour attirer les grandes fortunes. Giorgia Meloni a répliqué en dénonçant des propos "infondés", renvoyant la critique vers d’autres États membres accusés de dumping fiscal. François Bayrou a relancé le débat sur la concurrence fiscale en Europe. Dans une interview dimanche sur plusieurs chaînes d’information, il a estimé que l’Italie menait "une politique de dumping fiscal". Il faisait référence à un dispositif mis en place en 2016 par Matteo Renzi, renforcé depuis par le gouvernement de Giorgia Meloni : un impôt forfaitaire de 200 000 euros par an - 100 000 à l’origine - pour les contribuables très fortunés qui s’installent fiscalement en Italie. Ces derniers bénéficient en outre d’une exonération totale des droits de succession et de donation sur leurs biens détenus à l’étranger. Le régime a porté ses fruits : selon le cabinet Henley & Partners, l’Italie est devenue en 2024 la troisième destination mondiale des grandes fortunes, derrière les Émirats arabes unis et les États-Unis. Environ 3 600 millionnaires se sont installés cette année, représentant quelque 18 milliards d’euros de patrimoine. Mais le dispositif ne concerne que les ultra-riches. Les retraités français, eux, sont de moins en moins nombreux à s’installer dans la péninsule : 86 000 en 2023, contre près de 150 000 en 2011. Et le régime comporte des conditions strictes : plusieurs retraités français ont été rattrapés par le fisc, contraints de vendre leur maison pour rembourser des arriérés. En juin, le ministre chargé des Français de l'étranger, Laurent Saint-Martin, s’est même rendu à Rome pour demander une mesure de grâce, restée pour l’instant sans suite. L’Italie n’est pas un cas isolé. Le Portugal, la Grèce et l’Espagne ont aussi mis en place des régimes fiscaux attractifs. Mais dans sa réponse à François Bayrou, Giorgia Meloni a invité Paris à la rejoindre… non pas pour critiquer Rome, mais pour dénoncer d’autres États européens accusés de dumping fiscal à destination des entreprises : le Luxembourg, les Pays-Bas et l’Irlande, souvent qualifiés de "paradis fiscaux européens". Ce bras de fer franco-italien relance un débat ancien : faut-il harmoniser la fiscalité au sein de l’Union européenne ? Un chantier complexe, qui bute toujours sur la règle de l’unanimité entre les 27.
Au lendemain de l’annonce d’un vote de confiance le 8 septembre par le Premier ministre François Bayrou, les marchés financiers ont fortement réagi. Les taux français se sont envolés, la Bourse de Paris a chuté, et la France emprunte désormais plus cher que la Grèce. La réaction des bourses a été immédiate. L'annonce de François Bayrou, qui a confirmé qu'il demanderait un vote de confiance le 8 septembre sur la nécessité de réduire la dette française, a provoqué un véritable coup de chaud sur les marchés financiers. À la Bourse de Paris, le CAC 40 a décroché hier dès 16 h 15, au moment de la déclaration du Premier ministre. La chute s'est accentuée lorsque les principales oppositions – LFI, RN et PS – ont annoncé qu'elles refuseraient leur confiance. Résultat : le CAC 40 a terminé en forte baisse et l'ouverture de ce matin est marquée par un recul de 2 %. Sur le marché obligataire, la sanction est encore plus nette. Le taux d'emprunt à dix ans de la France a franchi les 3,5 %, contre 3,4 % la veille. L'écart de taux avec l'Allemagne – le "spread" – s'est élargi à 79 points de base. La comparaison est frappante : la France emprunte désormais plus cher que l'Espagne, le Portugal, et même la Grèce, considérée comme "l'homme malade" de l'Europe lors de la crise de 2012. Seule l'Italie paie aujourd'hui davantage. Cette fébrilité s'explique par un double facteur : la fragilité politique, avec un risque élevé que François Bayrou échoue à rassembler une majorité le 8 septembre, et le poids croissant de la dette française. Celle-ci atteint déjà 3 345 milliards d'euros (114 % du PIB) et sa charge explose. Les seuls intérêts à payer représentaient 60 milliards d'euros en 2024. Ils devraient atteindre 66 milliards cette année, 75 milliards en 2026 et plus de 100 milliards en 2029. Plus l'incertitude politique dure, plus la facture s'alourdit. Les agences de notation, qui ont déjà dégradé la note française ces derniers mois, observent de près l'évolution actuelle. Une nouvelle dégradation accentuerait encore la pression. Du risque politique pourrait bien naître une crise économique majeure.