Médicaments : la transparence des prix fait débat à l’Assemblée
Description
Un amendement à l’article 11 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale impose la publication du prix réel des médicaments payés par l’Assurance maladie. Une mesure saluée au nom de la transparence, mais qui fait craindre des hausses de prix et des pénuries.
Un amendement à l'article 11 du PLFSS, voté il y a quelques jours, prévoit que l’Agence centrale des organismes de Sécurité sociale rende publics, pour chaque laboratoire, les remises, prix nets et coûts réels des médicaments remboursés par la Sécu. Jusqu’à présent, seul le prix catalogue apparaissait au Journal officiel. Les remises, elles, restaient confidentielles. En 2024, ces rabais ont représenté 9 milliards d’euros sur un total de 34 milliards de dépenses de médicaments. Les députés à l’origine de l’amendement — issus de la gauche et des écologistes — dénoncent une opacité qui empêche tout contrôle démocratique. Ils veulent permettre au Parlement et aux citoyens d’évaluer le "juste prix" et l’efficacité de la dépense publique.
Retarder le lancement de nouveaux traitements en France
Mais le gouvernement et les économistes alertent : ce secret est l’arme principale de négociation de l’administration française. Le rendre public pourrait pousser les laboratoires à réduire leurs rabais, voire à retarder le lancement de nouveaux traitements en France. Le pays ne représente que 3 % du marché mondial du médicament. Certains industriels menacent déjà de servir la France en dernier, par crainte que leurs remises ne tirent les prix mondiaux vers le bas. Un scénario d’autant plus plausible que Donald Trump a récemment instauré une "clause de la nation la plus favorisée", liant les prix américains à ceux pratiqués à l’étranger. Transparence ou pari risqué ? Entre contrôle démocratique et risque de pénurie, la France avance sur une ligne de crête.



