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La Commission nationale de l’informatique et des libertés a infligé 325 millions d’euros d'amende à Google et 150 millions d’euros à Shein. Deux sanctions spectaculaires, qui marquent une étape dans la volonté française de réguler les pratiques numériques des géants mondiaux. Décryptage. La CNIL sort l’artillerie lourde. L’autorité française de protection des données a annoncé, ces dernières heures, deux sanctions majeures : 325 millions d’euros d’amende pour Google et 150 millions d’euros pour le géant chinois Shein. La CNIL reproche à Google deux manquements principaux. Concernant la messagerie Gmail, il est reproché la diffusion de publicités ressemblant à des courriels, dans les onglets "Promotions" ou "Réseaux sociaux", sans le consentement préalable des utilisateurs. Une pratique jugée contraire à la loi Informatique et Libertés et aux directives publiées par la CNIL en 2019. Et concernant la création de compte Google, il est reproché l’installation automatique de cookies et traceurs permettant de suivre l’utilisateur et de personnaliser les publicités, sans information claire ni accord explicite. Résultat : 325 millions d’euros d’amende, un record absolu pour la CNIL. Google dispose de six mois pour se mettre en conformité, sous peine de payer une astreinte de 100 000 euros par jour de retard. Le site de prêt-à-porter Shein est lui aussi épinglé pour ses pratiques : jusqu’à récemment, des cookies publicitaires s’installaient automatiquement dès l’arrivée sur le site, avant même tout consentement et restaient parfois actifs malgré un refus. Simultanéité La CNIL a prononcé une amende de 150 millions d’euros, la première sanction de ce type contre Shein en France. Le groupe a déjà annoncé son intention de faire appel devant le Conseil d’État et la Cour de justice de l’Union européenne, jugeant la sanction "disproportionnée". Ces sanctions sont inédites à plusieurs titres : le montant cumulé - 475 millions d’euros - est inédit pour la CNIL. La simultanéité : sanctionner le même jour un géant américain et un mastodonte chinois envoie un signal fort aux plateformes mondiales. Le message politique, enfin : depuis 2020, la CNIL a déjà prononcé plus de 200 mises en demeure et une cinquantaine d’amendes – dont quatre contre Google – mais jamais avec de tels montants en une seule fois. Un contraste saisissant avec Bruxelles, où la Commission européenne a récemment annulé une sanction contre Google sous pression américaine, et avec Washington, où un juge a condamné le groupe cette semaine mais sans aller jusqu’au démantèlement envisagé. Google a néanmoins passé un très mauvais mercredi avec une amende monstre dans une autre affaire aux Etats-Unis : 425 millions de dollars - soit 365 millions d'euros - pour atteinte à la vie privée de près de 100 millions de victimes.
Depuis le 27 août, certains produits indiens sont taxés à 50 % à leur entrée sur le marché américain. Donald Trump sanctionne New Delhi pour ses achats de pétrole russe. Si l’impact économique reste limité à l’échelle nationale, certains secteurs, comme le textile, sont déjà frappés de plein fouet. Les sanctions américaines contre l’Inde se sont alourdies la semaine dernière. Après avoir imposé en avril 25 % de droits de douane sur une série de produits indiens, Washington a décidé d’ajouter une nouvelle tranche de 25 %. En clair, certains produits indiens sont désormais taxés à hauteur de 50 % aux États-Unis, faisant de l'Inde le deuxième partenaire le plus touché après le Brésil. Donald Trump a justifié ces mesures par la volonté de sanctionner New Delhi, accusée de continuer à importer massivement du pétrole russe malgré les sanctions occidentales. Si l’impact se fait sentir, il reste limité à l’échelle macroéconomique. Goldman Sachs estime que ces mesures pourraient coûter 0,6 point de croissance à l’Inde. Avant leur mise en place, la croissance 2025 était estimée à 6,5 %. Elle pourrait désormais passer juste sous les 6 %. Une baisse, certes, mais contenue pour une économie qui reste largement portée par son marché intérieur. Par ailleurs, de nombreux secteurs échappent aux sanctions : les services, un pilier de l’économie indienne, ainsi qu’un tiers des biens exportés, comme la pharmacie, l’électronique – y compris les iPhones assemblés localement – ou encore certaines filières énergétiques. En revanche, des secteurs comme le textile sont en première ligne. Dans la banlieue de Delhi, certaines usines ont licencié jusqu’à 20 % de leurs effectifs dès l’entrée en vigueur des nouveaux droits de douane. À voir aussiL'Inde riposte aux droits de douane américains de Donald Trump Pour rebondir, l’Inde explore plusieurs pistes. D’abord, diversifier ses débouchés commerciaux en Asie, en Europe ou en Afrique, où certains industriels envisagent même de délocaliser une partie de leur production. Ensuite, négocier avec Washington : New Delhi a proposé d’acheter davantage de produits américains, notamment du matériel militaire, et même d’abaisser à zéro ses propres droits de douane sur les exportations américaines. Mais pour l’instant, la Maison Blanche n’a pas donné suite. La négociation continue, et l’incertitude plane sur une partie de l’économie indienne.
François Bayrou accuse l’Italie de pratiquer une politique fiscale agressive pour attirer les grandes fortunes. Giorgia Meloni a répliqué en dénonçant des propos "infondés", renvoyant la critique vers d’autres États membres accusés de dumping fiscal. François Bayrou a relancé le débat sur la concurrence fiscale en Europe. Dans une interview dimanche sur plusieurs chaînes d’information, il a estimé que l’Italie menait "une politique de dumping fiscal". Il faisait référence à un dispositif mis en place en 2016 par Matteo Renzi, renforcé depuis par le gouvernement de Giorgia Meloni : un impôt forfaitaire de 200 000 euros par an - 100 000 à l’origine - pour les contribuables très fortunés qui s’installent fiscalement en Italie. Ces derniers bénéficient en outre d’une exonération totale des droits de succession et de donation sur leurs biens détenus à l’étranger. Le régime a porté ses fruits : selon le cabinet Henley & Partners, l’Italie est devenue en 2024 la troisième destination mondiale des grandes fortunes, derrière les Émirats arabes unis et les États-Unis. Environ 3 600 millionnaires se sont installés cette année, représentant quelque 18 milliards d’euros de patrimoine. Mais le dispositif ne concerne que les ultra-riches. Les retraités français, eux, sont de moins en moins nombreux à s’installer dans la péninsule : 86 000 en 2023, contre près de 150 000 en 2011. Et le régime comporte des conditions strictes : plusieurs retraités français ont été rattrapés par le fisc, contraints de vendre leur maison pour rembourser des arriérés. En juin, le ministre chargé des Français de l'étranger, Laurent Saint-Martin, s’est même rendu à Rome pour demander une mesure de grâce, restée pour l’instant sans suite. L’Italie n’est pas un cas isolé. Le Portugal, la Grèce et l’Espagne ont aussi mis en place des régimes fiscaux attractifs. Mais dans sa réponse à François Bayrou, Giorgia Meloni a invité Paris à la rejoindre… non pas pour critiquer Rome, mais pour dénoncer d’autres États européens accusés de dumping fiscal à destination des entreprises : le Luxembourg, les Pays-Bas et l’Irlande, souvent qualifiés de "paradis fiscaux européens". Ce bras de fer franco-italien relance un débat ancien : faut-il harmoniser la fiscalité au sein de l’Union européenne ? Un chantier complexe, qui bute toujours sur la règle de l’unanimité entre les 27.
Au lendemain de l’annonce d’un vote de confiance le 8 septembre par le Premier ministre François Bayrou, les marchés financiers ont fortement réagi. Les taux français se sont envolés, la Bourse de Paris a chuté, et la France emprunte désormais plus cher que la Grèce. La réaction des bourses a été immédiate. L'annonce de François Bayrou, qui a confirmé qu'il demanderait un vote de confiance le 8 septembre sur la nécessité de réduire la dette française, a provoqué un véritable coup de chaud sur les marchés financiers. À la Bourse de Paris, le CAC 40 a décroché hier dès 16 h 15, au moment de la déclaration du Premier ministre. La chute s'est accentuée lorsque les principales oppositions – LFI, RN et PS – ont annoncé qu'elles refuseraient leur confiance. Résultat : le CAC 40 a terminé en forte baisse et l'ouverture de ce matin est marquée par un recul de 2 %. Sur le marché obligataire, la sanction est encore plus nette. Le taux d'emprunt à dix ans de la France a franchi les 3,5 %, contre 3,4 % la veille. L'écart de taux avec l'Allemagne – le "spread" – s'est élargi à 79 points de base. La comparaison est frappante : la France emprunte désormais plus cher que l'Espagne, le Portugal, et même la Grèce, considérée comme "l'homme malade" de l'Europe lors de la crise de 2012. Seule l'Italie paie aujourd'hui davantage. Cette fébrilité s'explique par un double facteur : la fragilité politique, avec un risque élevé que François Bayrou échoue à rassembler une majorité le 8 septembre, et le poids croissant de la dette française. Celle-ci atteint déjà 3 345 milliards d'euros (114 % du PIB) et sa charge explose. Les seuls intérêts à payer représentaient 60 milliards d'euros en 2024. Ils devraient atteindre 66 milliards cette année, 75 milliards en 2026 et plus de 100 milliards en 2029. Plus l'incertitude politique dure, plus la facture s'alourdit. Les agences de notation, qui ont déjà dégradé la note française ces derniers mois, observent de près l'évolution actuelle. Une nouvelle dégradation accentuerait encore la pression. Du risque politique pourrait bien naître une crise économique majeure.
Le géant chinois de l’immobilier Evergrande a été radié ce lundi de la Bourse de Hong Kong. Une nouvelle étape dans la chute spectaculaire de ce promoteur autrefois florissant, qui laisse derrière lui des millions d’acheteurs toujours en attente de logements habitables, et illustre la crise profonde du secteur immobilier chinois. Evergrande, c’était autrefois l’enfant prodige de l’économie chinoise. Fondé en 1996 à Canton, le groupe s’impose en quelques années comme l’un des plus grands promoteurs immobiliers du pays. Son entrée en Bourse à Hong Kong, en 2009, symbolise l’âge d’or du boom immobilier chinois, porté par l’urbanisation massive et une demande de logements sans précédent. À son apogée, en 2017, Evergrande valait plus de 40 milliards de dollars et son fondateur, Xu Jiayin, était l’homme le plus riche de Chine. Le groupe s’était diversifié dans le football, l’eau minérale, et même les voitures électriques, incarnant la réussite économique du pays. Mais ce succès reposait sur un modèle fragile : l’endettement massif. Evergrande empruntait pour lancer de nouveaux projets et comptait sur les ventes anticipées pour se financer. Lorsque Pékin a durci les règles du crédit en 2020 pour limiter les excès de la spéculation immobilière, le château de cartes s’est écroulé. Dès 2021, le promoteur n’a plus pu honorer ses dettes, pour un montant de plus de 300 milliards de dollars. La faillite du groupe a laissé des traces profondes : des millions de familles chinoises, ayant payé pour des appartements sur plan, attendent encore de recevoir un logement habitable. Pour beaucoup, c’est toute une vie d’économies qui a disparu. Les actionnaires, eux, ont tout perdu : l’action Evergrande ne vaut plus rien. La radiation de la Bourse de Hong Kong marque donc la fin d’un cycle, mais pas celle de la crise. Le secteur immobilier chinois reste sous tension : les investissements ont encore chuté de 11 % au premier semestre 2025, et sa part dans l’économie est tombée à environ 13 % du PIB, contre environ 25% à la fin des années 2010/. Evergrande, devenu symbole d’un modèle à bout de souffle, continue ainsi de hanter l’économie chinoise et d’alimenter les inquiétudes sur la stabilité du pays.
Le plus grand salon européen du jeu vidéo s’ouvre mercredi à Cologne. Plus de 330 000 visiteurs et 1 500 exposants sont attendus, avec des annonces phares comme Call of Duty, Resident Evil, la Switch 2 ou la nouvelle Xbox. Mais derrière l’euphorie, le secteur traverse une crise sociale profonde marquée par des dizaines de milliers de suppressions d’emplois. La Gamescom 2025 s’annonce grandiose. À Cologne, plus de 1 500 exposants venus de 72 pays présentent pendant quatre jours leurs nouveautés aux 330 000 visiteurs qui sont attendus. Au programme : la révélation du prochain Call of Duty "Black Ops 7", un nouvel épisode de Resident Evil, ainsi que les nouveautés liées à la Switch 2 de Nintendo, déjà un succès commercial historique. Microsoft profite aussi du salon pour dévoiler sa nouvelle Xbox portable, développée avec Asus. Mais si la vitrine impressionne, la réalité du secteur est beaucoup plus fragile. Depuis 2022, l’industrie du jeu vidéo traverse une vague de licenciements sans précédent. Un marché économique colossal et des suppressions d'emplois Plus de 35 000 emplois ont été supprimés à travers le monde, dont 3 500 rien qu’en 2025, selon le site spécialisé Game Industry.biz. Les grands noms du secteur – Microsoft, Sony, Electronic Arts – ont tous taillé dans leurs effectifs. En France, Ubisoft traverse une crise interne avec des grèves à répétition. Cette crise n’est pas tant liée aux ventes – le marché mondial reste colossal avec 183 milliards de dollars de revenus en 2024 – qu’à une industrie qui a grandi trop vite pendant la pandémie et doit aujourd’hui se restructurer. Dans le même temps, les modèles économiques évoluent : bascule vers le cloud gaming, multiplication des abonnements et des microtransactions, sources de revenus stables mais aussi de tensions avec les joueurs. Entre enthousiasme des fans et turbulences sociales, la Gamescom illustre mieux que jamais les contradictions d’un secteur qui reste, malgré tout, la première industrie culturelle mondiale devant le cinéma et la musique réunis.
Donald Trump s’est félicité d’avoir stoppé l’immigration illégale. Mais sa politique migratoire et son discours "America First" ont aussi refroidi les visiteurs étrangers. Canadiens, Chinois, Européens… ils sont de moins en moins nombreux à franchir les frontières américaines, au détriment d’un secteur qui pèse près de 3 % du PIB. En marge d’une conférence de presse avec Volodymyr Zelensky, lundi 18 août, Donald Trump s’est vanté qu’aucun étranger en situation irrégulière n’ait franchi les frontières américaines ces derniers mois. Mais ce qu’il oublie de dire, c’est que ce sont aussi les touristes étrangers qui désertent désormais les États-Unis. En juin, les arrivées de visiteurs internationaux ont chuté de 3,4 % par rapport à l’an dernier. En juillet encore, le recul s’est poursuivi. Certaines nationalités boudent plus que d’autres : -14 % pour les visiteurs chinois, -37 % pour les Canadiens, première clientèle étrangère du pays, et environ -3 % pour les Européens, même si les Français ont été nettement moins nombreux au premier semestre. Pourtant, 2025 devait être une année faste après la forte croissance du tourisme en 2024. Mais l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche a changé la donne : multiplication des contrôles aux frontières, durcissement des visas, refoulement de voyageurs canadiens, allemands ou français, parfois placés en détention… L’Amérique a cessé de dérouler le tapis rouge. À lire aussiLes touristes se détournent, doucement, des Etats-Unis de Trump Les conséquences sont immédiates pour certaines destinations : New York, la Californie, mais surtout Las Vegas, où les réservations plongent. Les hôtels et casinos commencent à licencier, et les élus locaux alertent sur un boycott durable. Le coût est lourd pour l’économie américaine. Le tourisme représentait 2 600 milliards de dollars de retombées économiques en 2024, soit près de 3 % du PIB et quelque 20 millions d’emplois. La politique de l'"America First" semble repousser des millions de visiteurs… et leurs dollars.
Alors que des négociations de paix s’amorcent entre l’Ukraine et la Russie, le sort des territoires occupés et revendiqués par Moscou reste une question explosive. Derrière l’aspect militaire et diplomatique se cache un enjeu économique crucial. Avant la guerre, les régions de Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson représentaient à elles seules près de 20 % du PIB ukrainien. Le Donbass constituait le cœur industriel du pays avec ses mines de charbon et ses aciéries emblématiques comme Azovstal. Ces territoires recèlent aussi des ressources stratégiques encore inexploitées comme des gisements de terres rares et de lithium, indispensables à la transition énergétique et aux technologies militaires. Moscou dit vouloir les "échanger" contre les terres agricoles du sud parmi les plus fertiles au monde, véritables greniers à blé et à tournesol. Sans oublier la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, qui fournissait avant-guerre 20 % de l’électricité ukrainienne. À lire aussiLes territoires ukrainiens sous contrôle russe au cœur du sommet Trump-Poutine En clair, ces régions ne sont pas de simples pièces sur un échiquier diplomatique : elles conditionnent directement l’avenir économique et énergétique de l’Ukraine.
Au nord-ouest du Kenya, les camps de Kakuma et Kalobayei font face à une crise humanitaire sans précédent. Depuis le retrait brutal de l’aide américaine USAID en janvier, les rations ont fondu, les violences ont éclaté et tout le système humanitaire menace de s’effondrer. Créé en 1992, le camp de Kakuma accueille aujourd’hui plus de 300 000 réfugiés au Kenya venus du Soudan du Sud, de Somalie, d’Éthiopie ou encore de la RD Congo. Vingt ans plus tard, un second camp, Kalobayei, a vu le jour à proximité. Tous deux sont désormais plongés dans le chaos. À l’origine de cette crise : le gel des financements américains d'USAID, décidé par Donald Trump à son retour à la Maison Blanche. Une décision qui a entraîné un effet domino sur les autres agences humanitaires. Le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), tous deux financés à plus de 70 % par les États-Unis, ont été contraints de réduire drastiquement leur aide. À voir aussiFin de USAID : les ONG contraintes de prioriser les besoins des populations Conséquences immédiates : des rations réduites à moins de 1 000 calories par jour, des transferts monétaires supprimés, des files d’attente pour un simple bol de riz, et désormais, des tensions meurtrières. "Tout ce que nous demandons, c'est de la nourriture" Lundi, une manifestation à Kalobayei contre un nouveau système de distribution a dégénéré, faisant au moins deux morts, selon plusieurs sources. Une nouvelle distribution est prévue en fin de semaine à Kakuma, dans un climat d’extrême tension. Au-delà de l’urgence alimentaire, c’est tout le tissu économique du camp qui s’effondre. Sans transferts d’argent, petits commerces, marchés et services ferment un à un. Certains réfugiés n’ont d’autre choix que de vendre leurs casseroles pour acheter de la farine. À voir aussiUSAID : l’abandon humanitaire ? Parlons-en avec J. Hefez, T. Janny et P. Micheletti Face à cette crise, quelques voix s’élèvent. Parmi elles, celle d’Hubert Senga, réfugié congolais et fondateur de l’ONG Generation Aid, qui forme les jeunes au codage informatique. "Nous ne voulons pas mourir ici au camp. Tout ce que nous demandons, c'est de la nourriture", lance-t-il, tout en appelant la communauté internationale à ne pas les oublier.
Malgré la fin de la politique de l'enfant unique, la natalité continue de s'effondrer en Chine. Le gouvernement chinois mise désormais sur des aides financières directes pour inciter les familles à avoir des enfants. Une tentative qui répond autant à un défi démographique qu'à un enjeu économique. La Chine vient d’annoncer son premier programme national de subventions à la petite enfance. À partir de cette année, toutes les familles ayant un enfant de moins de trois ans recevront 3 600 yuans par an (environ 433 euros), avec effet rétroactif depuis janvier. Un coup de pouce destiné à enrayer la chute continue des naissances : 9,54 millions en 2024, soit près de deux fois moins qu’en 2016. Malgré l’abandon de la politique de l’enfant unique, puis l’autorisation de deux enfants en 2016 et de trois en 2021, la fécondité reste extrêmement basse : 1,15 enfant par femme. Le nombre de mariages, lui aussi en baisse, a atteint un plus bas historique, à seulement 6,1 millions en 2024. Ce déclin démographique inquiète le pouvoir chinois, car il remet en cause le modèle économique du pays. La Chine, qui s’est développée grâce à une main-d’œuvre abondante et bon marché, voit aujourd’hui ses coûts salariaux augmenter, sa population active reculer, et son système de retraites sous tension. Pékin multiplie donc les incitations : subventions locales, aides à la garde d’enfants, congés parentaux élargis, remboursement de la fécondation in vitro. Mais ces mesures suffiront-elles à changer les mentalités ? Rien n’est moins sûr, tant le poids culturel, le coût de l’éducation et la précarité de l’emploi continuent de freiner les jeunes couples.
Réunis en Écosse, Donald Trump et Ursula von der Leyen ont conclu un compromis commercial pour éviter une escalade tarifaire entre les États-Unis et l’Union européenne. Un accord provisoire, qui soulève autant de soulagement que de critiques, notamment du côté européen. Les États-Unis et l’Union européenne ont évité in extremis une guerre commerciale. Dimanche, au domaine de Turnberry, en Écosse, Donald Trump et Ursula von der Leyen ont conclu un accord de principe : les produits européens exportés vers les États-Unis seront soumis à un droit de douane uniforme de 15 %. C’est moins que les 30 % qu’avait menacé d’appliquer le président américain à partir du 1er août, mais c’est davantage que les 10 % en vigueur depuis avril. Surtout, ce chiffre reste très éloigné de l’ambition initiale de Bruxelles, qui réclamait un accord "zéro droits de douane". À lire aussiTaux de 15 %, exemptions... Ce que l'on sait de l'accord commercial entre l'UE et les États-Unis Certains secteurs comme l’aéronautique, les semi-conducteurs ou la chimie bénéficieront d’une exemption totale. D’autres, comme les vins et spiritueux, devront patienter. En échange, l’Union européenne obtient la reconnaissance de ses normes — en matière numérique et agricole — mais s’engage à acheter pour 750 milliards de dollars d’énergie américaine, et à investir 600 milliards supplémentaires aux États-Unis d’ici 2035. Une concession importante, qui soulève des critiques croissantes au sein de plusieurs États membres. En France comme en Allemagne, les réactions sont vives. Le ministre des Affaires européennes, Benjamin Haddad, parle d’un « accord déséquilibré ». La fédération allemande de l’industrie évoque un impact négatif sur les chaînes de valeur européennes. Les États-Unis restent néanmoins le premier partenaire commercial global de l’Union européenne. En 2024, les échanges de biens et services ont dépassé 1 600 milliards de dollars, dont plus de 800 milliards rien que pour les biens. Donald Trump espère désormais réduire le déficit commercial bilatéral, qui s’élève à près de 200 milliards de dollars. Mais l’accord conclu ce week-end reste provisoire. Il devra encore être validé par les États membres de l’UE et voté par le Parlement européen. De nombreux points sensibles restent à discuter, notamment dans les secteurs des services, de la pharmacie et de l’environnement. La trêve est donc réelle… mais temporaire.
En visite à Berlin mercredi, Emmanuel Macron doit s'entretenir avec le chancelier Friedrich Merz. Au-delà des tensions commerciales avec les États-Unis, les deux dirigeants aborderont les sujets industriels, en particulier celui de la défense, devenu un moteur de l’économie allemande. C’est un dîner stratégique qui attend Emmanuel Macron ce soir à Berlin. Le président français rencontrera le chancelier allemand Friedrich Merz, alors que les deux pays font face à des vents contraires : tensions commerciales avec les États-Unis, incertitudes économiques en Europe… et stratégies divergentes sur la défense. Car depuis son arrivée à la chancellerie, Friedrich Merz a fait du réarmement une priorité. Avec un plan d’investissement de 100 milliards d’euros, l’Allemagne entend faire de la Bundeswehr "la première armée d’Europe". Une stratégie qui profite pleinement au secteur de la défense, en plein essor outre-Rhin. Le géant Rheinmetall, fabricant de pièces d’artillerie, d’obus, de munitions et de chars d’assaut, anticipe des résultats semestriels exceptionnels le 7 août prochain. Face à cette croissance, certains groupes allemands de l’automobile, en crise, envisagent une reconversion. Continental et Volkswagen réfléchissent à mettre certaines de leurs usines au service de l’industrie militaire, tandis que des PME adaptent déjà leur chaîne de production : de la carrosserie automobile à la fabrication de blindés. Mais cette relance de l'industrie de défense allemande ne va pas sans tensions. Berlin a commandé 35 avions américains F-35 à Lockheed Martin, avec qui Rheinmetall assemble désormais le fuselage central. Une commande qui pourrait s’étendre à 15 appareils supplémentaires, au détriment du Rafale français, écarté du contrat. En Allemagne, 2 000 emplois sont en jeu. En France, la décision reste en travers de la gorge de certains industriels et responsables politiques. Malgré les bonnes intentions affichées par Friedrich Merz et Emmanuel Macron, le couple franco-allemand devra encore surmonter plusieurs lignes de fracture pour espérer une relance concrète de la coopération industrielle en Europe.
Après l'Union européenne vendredi, le Royaume Uni a pris de nouvelles mesures pour lutter contre la flotte fantôme russe. 135 nouveaux navires ont été placés sur la liste de Londres, interdits de port et d'assurance. Malgré ces mesures, le pétrole russe continue d’affluer vers l’Asie… et même indirectement vers l’Europe. Une économie parallèle, opaque et risquée, qui rapporte des milliards à Moscou. Le Royaume-Uni a annoncé sanctionner 135 navires soupçonnés de faire partie de la “flotte fantôme” russe. Une mesure qui fait écho aux nouvelles sanctions européennes prises deux jours plus tôt dans le cadre du 18ᵉ paquet adopté par Bruxelles. Depuis fin 2022, l’Union européenne et le Royaume-Uni plafonnent le prix du baril russe. Objectif : tarir la principale source de revenus de Moscou. Mais en réponse, la Russie a constitué une flotte parallèle, opérant en dehors des radars officiels. Cette flotte fantôme compterait aujourd’hui près de 1 300 navires, selon les estimations. L’Union européenne en sanctionne 444, le Royaume-Uni plus de 400. Ces bateaux n’ont plus le droit d’accoster dans les ports européens ou britanniques, et ne peuvent plus être assurés par des compagnies occidentales. Mais dans les faits, le système continue de fonctionner. Certaines de ces embarcations battent pavillon de pays tiers comme le Panama ou le Liberia, changent fréquemment de nom, de propriétaire, voire de GPS. D’autres continuent tout simplement leur route, sans rien changer : selon une enquête du Monde, 80 % des navires sanctionnés suivent toujours leurs itinéraires habituels vers l’Inde ou la Chine. Et le pétrole russe trouve preneur : l’Inde, la Chine, mais aussi la Turquie en achètent massivement. Selon le CREA, ces navires ont généré plus de 300 milliards d’euros de recettes depuis février 2022. Les seuls 135 navires visés dimanche par Londres auraient rapporté à eux seuls 24 milliards de dollars depuis le début de l’année. Ironie du sort : pendant la même période, les exportations de pétrole indien vers l’Europe ont bondi de 15 %. Autrement dit, le pétrole russe continue, indirectement, à revenir en Europe. Enfin, cette flotte parallèle pose un risque environnemental majeur. Les navires sont souvent anciens, peu ou pas assurés, et leurs opérations de transfert en mer sont à haut risque. En décembre dernier, le Volgoneft 212, mis en service en 1969, s’est échoué dans le détroit de Kertch après une collision avec un autre tanker. Plus de 8 000 tonnes de mazout ont provoqué une marée noire dans la zone.
Le 21 juillet 1995, Nintendo lançait le Virtual Boy, le tout premier casque de réalité virtuelle grand public. Un échec retentissant, mais peut-être une intuition visionnaire, alors que le marché des casques redécolle. Il y a tout juste 30 ans, Nintendo tentait un pari audacieux : proposer au grand public un casque de réalité virtuelle, bien avant tout le monde. Le Virtual Boy, lancé au Japon le 21 juillet 1995, promettait une expérience en 3D révolutionnaire. Mais le produit est mal accueilli : l’image rouge et noire donne la migraine, le design sur trépied déroute, et l’objet coûte 199 dollars — une fortune pour l’époque. Les ventes ne décollent pas. Moins de 800 000 exemplaires vendus aux Etats-Unis et au Japon, contre 3 millions espérés, l'échec est tel que le produit ne sera jamais lancé en Europe, et que la production s’arrêtera huit mois après le lancement. Trente ans plus tard, la réalité virtuelle a pris sa revanche. Meta a vendu plus de 20 millions de casques Quest, Sony développe sa gamme PlayStation VR, et Apple a lancé l’an dernier son très haut de gamme Vision Pro. Le marché, selon IDC, pourrait à nouveau dépasser 11 millions de casques vendus en 2025, avec une croissance portée par des usages qui vont bien au-delà du jeu vidéo : formation, santé, industrie, culture. Nintendo a échoué. Mais il a peut-être eu raison trop tôt!
Plus de 4 000 anciens membres du Chicago Mercantile Exchange assignent la Bourse en justice. Ils dénoncent une rupture de contrat économique et moral, après la transition vers le trading électronique qui a fait fondre la valeur de leurs "fauteuils". C’est un procès à la croisée de deux époques. À Chicago, plus de 4 000 anciens traders ont assigné en justice le Chicago Mercantile Exchange (CME), la célèbre Bourse américaine des matières premières. En cause : une fracture entre deux mondes financiers - la criée d’hier, bruyante et physique, et les salles électroniques d’aujourd’hui, silencieuses et automatisées. Jusqu’au début des années 2000, le CME fonctionnait comme une mutuelle. Pour devenir membre, il fallait acquérir un “fauteuil” — une B-share — parfois à plus de 1,6 million de dollars. Ce siège donnait accès au trading, au vote, à une part des revenus, et permettait de participer aux grandes orientations de l’institution. Un actif patrimonial, parfois transmis de père en fils. Mais en 2002, la Bourse est privatisée. Puis, en 2010, un data center est installé à Aurora, en banlieue de Chicago, qui deviendra le nouveau centre névralgique de la plateforme électronique. La criée perd ses droits. Le trading devient numérique. Le CME, une entreprise de technologie. Pour les anciens membres, c’est la douche froide : leur siège ne donne plus d’avantage, sa valeur est divisée par trois. Pire encore, ils doivent payer pour accéder à la plateforme… au même titre que des traders qui, eux, n’ont rien payé. Une situation comparable à celle des taxis, bousculés par l’arrivée des VTC. Ils réclament aujourd’hui réparation : plus de 2 milliards de dollars de compensations, soit 500 000 $ par plaignant, et une reconnaissance symbolique de ce qu’ils estiment être une rupture de contrat. Le CME, lui, rétorque : "Vous avez toujours votre siège, rien ne vous empêche de l’utiliser". Le procès devrait encore durer plusieurs semaines. Ce jeudi, un témoignage clé est attendu : celui du PDG du CME, Terrence Duffy, appelé à défendre cette mutation numérique.
Donald Trump a promulgué la semaine dernière son grand texte budgétaire. Parmi les priorités figurent 170 milliards de dollars alloués à la lutte contre l’immigration illégale sur quatre ans. Un chiffre record qui doit permettre de doubler les capacités de détention, de renforcer l’agence ICE et d’augmenter massivement les expulsions... au détriment de l'économie américaine. La stratégie de tolérance zéro vis-à-vis de l'immigration de Donald Trump, déjà dénoncée par les ONG pour ses dérives, pourrait aussi avoir un coût économique majeur pour les États-Unis. Dans son sondage trimestriel, le Wall Street Journal rapporte que les économistes américains sont globalement plus optimistes qu’il y a trois mois… sauf sur un point : l’impact de la politique migratoire. Elle pourrait faire perdre 0,2 point de croissance cette année, et 0,3 point en 2026. Les immigrés représentent 15 % de la population américaine. Près de 90 % des sans-papiers sont en âge de travailler, contre 61 % pour les Américains nés sur le sol. Ils occupent des postes clés : 1 travailleur sur 8 dans le bâtiment et 1,2 million de travailleurs dans l’agriculture, particulièrement en Californie Ils paient des impôts, cotisent, consomment, et investissent. Selon les projections du Congressional Budget Office, ils pourraient représenter 8 900 milliards de dollars de croissance d’ici 2034. À l’inverse, des expulsions massives feraient perdre 24 milliards de cotisations à la Sécurité sociale dès cette année, et aggraveraient le déficit public américain.
Face à un déficit public de 5,4 % et une dette dépassant les 3 300 milliards d’euros, le Premier ministre François Bayrou dévoile ce mardi son plan de redressement budgétaire. Objectif : économiser 40 milliards d’euros d’ici 2026, sans augmenter les impôts… tout en finançant les hausses de dépenses militaires décidées par Emmanuel Macron. L’heure est grave pour les finances publiques françaises. Avec un déficit de 5,8 % du PIB l'année dernière et une dette équivalente à 114 % du PIB, l’État doit revoir en profondeur ses priorités budgétaires. Ce mardi, François Bayrou présente ses arbitrages pour le budget 2026. Objectif : trouver d’économies de 40 milliards d’euros. Une somme inédite, alors même que certaines dépenses, comme la Défense augmentent considérablement. Le président Emmanuel Macron a en effet annoncé 6,5 milliards d’euros supplémentaires pour la Défense sur les deux prochaines années. Un effort qu’il refuse de financer par la dette : "Notre indépendance militaire est indissociable de notre indépendance financière". Résultat : le gouvernement va devoir rogner ailleurs, mais sans toucher aux impôts - une ligne rouge fixée par le président, ce qui limite fortement la marge de manœuvre du Premier ministre. Parmi les pistes évoquées : une "année fiscale blanche" (sans revalorisation des prestations sociales), la remise en cause de certaines niches fiscales ou encore une nouvelle réforme de l’assurance chômage. Mais dans un contexte de faible croissance et de majorité relative à l’Assemblée, le pari de François Bayrou s’annonce des plus risqués.
En France, la loi du 13 juillet 1965 a mis fin à la tutelle légale des maris sur leurs épouses. Un progrès majeur pour l’émancipation économique des femmes, même si les inégalités financières persistent aujourd’hui. Avant 1965, en France, une femme mariée ne pouvait ni travailler, ni toucher son salaire, ni ouvrir un compte bancaire sans l'autorisation écrite de son mari... La loi du 13 juillet 1965 est venue bouleverser cette logique patriarcale, en mettant fin à une forme de tutelle juridique héritée du Code Napoléon. Deux ans plus tard, en 1967, une autre réforme autorise les femmes à investir en Bourse. Une avancée parfois contournée jusque-là : certaines, comme la célèbre Marthe Hanau dans les années 1920, allaient jusqu’à se déguiser en homme pour spéculer en salle de marché. Comparée à ses voisins, la France n’était ni en retard, ni en avance. L’Allemagne a réformé dès 1958. Aux États-Unis, il a fallu attendre 1974 pour qu’une loi fédérale interdise la discrimination bancaire envers les femmes mariées. Le Royaume-Uni n’a voté sa propre loi qu’en 1975. Mais encore aujourd’hui, certaines femmes dans le monde n’ont pas le droit d’ouvrir un compte en banque sans autorisation masculine : c’est le cas au Niger, au Tchad ou encore en Afghanistan. L’Arabie saoudite, de son côté, a levé cette interdiction en 2019. Selon la Banque mondiale, 55 % des hommes dans le monde possèdent un compte, contre seulement 47 % des femmes. En France, si toutes les femmes peuvent aujourd’hui gérer librement leur argent, les inégalités économiques persistent. Selon l’Insee, l’écart salarial moyen entre hommes et femmes est encore de 16 %. Et selon une étude Bpifrance / France Mutualiste publiée en juillet 2025, seules 16 % des femmes investissent dans des placements à risque, contre 26 % des hommes. En cause : des revenus moindres, un manque de confiance, et des représentations culturelles encore tenaces. Pourtant, les femmes expriment un besoin fort d’autonomie : selon la même étude, 58 % d’entre elles estiment que l’indépendance financière est essentielle à leur équilibre personnel. La loi de 1965 a ouvert le compte. Reste à ce que chacune puisse l’utiliser pleinement.
À trois semaines de la date butoir, fixée par Washington au 1er août, les sentences commencent à tomber dans la guerre commerciale engagée par les États-Unis. Donald Trump a annoncé mardi des droits de douane de 50 % sur les importations de cuivre. L'objectif du président américain est de relancer une industrie du cuivre aux États-Unis, alors que ce métal est essentiel pour les semi-conducteurs, les avions ou encore les batteries de véhicules électriques.
Alors que la guerre en Ukraine se poursuit, une conférence internationale s’ouvre à Rome pour mobiliser les financements nécessaires à la reconstruction du pays. Les besoins sont colossaux, mais l’incertitude politique – notamment côté américain – freine les investisseurs privés. L’Ukraine, elle, tente de rester debout, entre résilience économique et pénuries structurelles. Une quatrième conférence sur la reconstruction de l’Ukraine s’ouvre ce jeudi à Rome. Volodymyr Zelensky est présent, aux côtés d’Ursula von der Leyen, de plusieurs chefs d’État et de gouvernement, d'institutions internationales et de plus de 2 000 entreprises. L’objectif : transformer les promesses en projets concrets pour rebâtir un pays dont les infrastructures sont massivement détruites. Selon la Banque mondiale, 524 milliards de dollars (446 milliards d'euros) seront nécessaires sur les dix prochaines années. Un logement sur trois a été endommagé, une infrastructure de transport sur cinq, et 12 % du secteur minier et énergétique. Le chantier est immense. À lire aussiFace aux Russes, l'Ukraine voit grand avec des tranchées plus petites Mais le climat d’incertitude politique freine les annonces. Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump n’a pas encore confirmé de nouveau paquet d’aide militaire. Il a envoyé un émissaire à Rome, mais ni son secrétaire d’État ni son secrétaire au Trésor n’ont fait le déplacement. Résultat : des investisseurs hésitent. BlackRock, qui devait annoncer la création d’un grand fonds pour l’Ukraine, a renoncé à toute communication pour le moment. Une initiative européenne pourrait toutefois voir le jour : la Banque européenne d’investissement – avec la France, l’Allemagne, l’Italie et la Pologne – doit annoncer un fonds de capital-investissement de 220 millions d’euros. Une somme modeste à l’échelle des besoins, mais un signal attendu. À voir aussiL'Ukraine peut-elle encore tenir ? Malgré la guerre, l’économie ukrainienne a rebondi en 2023, avec une croissance de 5 %, portée par l’agriculture, les industries de défense et le numérique. Mais cette reprise reste fragile. L’Ukraine souffre d’une pénurie de main-d’œuvre — 2,5 millions de contribuables ont quitté le pays —, d’un déficit budgétaire abyssal, et d’une inflation qui dépasse les 15 %. Pour Kiev comme pour ses partenaires, cette conférence est un test : celui de la capacité à croire — et à investir — dans la reconstruction d’un pays toujours en guerre.
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