DiscoverLe grand invité AfriqueJeux paralympiques: «L'Afrique va défendre ses chances, mais cela va être difficile»
Jeux paralympiques: «L'Afrique va défendre ses chances, mais cela va être difficile»

Jeux paralympiques: «L'Afrique va défendre ses chances, mais cela va être difficile»

Update: 2024-08-28
Share

Description

C'est ce soir (20h heure française) que s'ouvrent les Jeux paralympiques de Paris 2024 (à suivre en édition spéciale sur RFI). 44 pays africains vont participer à ces Jeux. Le sport paralympique en Afrique est balbutiant, il y aura moins d'athlètes pour cette édition par rapport à celle de Tokyo en 2021. Mais le continent affiche de plus en plus d'ambition pour relever le niveau de ses para-athlètes, même si les défis restent nombreux, selon Étienne Songa Bidjocka, secrétaire général du Comité national paralympique camerounais et membre du Comité paralympique africain. Il répond aux questions de Sidy Yansané.

RFI : Aux derniers Jeux paralympiques de Tokyo, les athlètes africains avaient remporté 63 médailles, donc beaucoup moins qu'à Rio de Janeiro en 2016. Vous pensez que l'Afrique est mieux préparée cette fois-ci pour les Jeux de Paris ?

Étienne Songa Bidjocka : Il faut dire que non, puisque, déjà, en termes de participation, cette année, c'est 29 % d’athlètes en moins par rapport à Tokyo. Avec moins de représentants africains, il serait étonnant de voir l'Afrique faire mieux en termes de médailles d’ici la fin de ces Jeux. Donc, on n'est pas très optimiste.

Hormis quelques pays, on reproche à la plupart des États africains leur peu d'ambition en matière de politique sportive : manque de financement, de soutien, d'infrastructures... Quels sont les défis à relever, selon vous, pour les disciplines paralympiques ?

Vous avez tout dit pratiquement. Le problème majeur, il n'est pas que paralympique, il commence avec les Olympiques, mais il est aggravé avec les Paralympiques parce que, justement, il y a une question de financement du sport en général. Maintenant, le problème se pose avec plus d'acuité pour le sport paralympique, parce qu’il n'y a pas d'infrastructures pour la pratique du sport paralympique. Les choses demandées ne sont pas toujours adaptées et quand elles sont disponibles, l'accessibilité n'est pas évidente : il faut payer des salles, des gymnases, etc. Au niveau du matériel, vous avez des sports qui sont « interdits » en Afrique, comme le basketball en fauteuil. Ce ne sont que des pays d'Amérique, d'Afrique du Nord ou d'Afrique du Sud qui peuvent acquérir le matériel qui est extrêmement cher. En termes de technologie assistive, c'est-à-dire des prothèses, des orthèses, donc tout le matériel d'accompagnement pour la pratique de ces sports-là, il faut oublier l'Afrique, car un bon fauteuil de basketball, de tennis, ça va dans les 2 000 euros ! Qui va acheter cinq, six, sept, dix fauteuils ? Ce n’est pas évident. Donc, vous constatez que seulement au niveau du matériel, de l'équipement para-sportif, il y a plein de sports pour lesquels l'Afrique est déjà « out » de façon directe. Et quand vous avez les moyens pour participer à des compétitions qualificatives, ce qui est déjà difficile, vous avez des problèmes de visa par exemple. Pour une délégation de dix athlètes qui doivent aller en France, ce n’est pas sûr pour vous d’obtenir tous les visas, et c'est le cas pour tous les pays de l'Occident. C’est difficile pour les pays africains à plusieurs niveaux.

Malgré tout, l'Afrique semble se fixer une ambition pour le sport et même pour le sport paralympique, puisque pour la première fois l'an dernier, des Jeux paralympiques africains se sont tenus au Ghana. Quels sont les retours que vous avez pu avoir de cette expérience inédite et peut-on considérer que cela a été une réussite ?

Oui, c'est une réussite, parce qu’on l'a fait. Il fallait marquer l'histoire et ça a été fait. Il faut saluer à ce titre le président du Comité paralympique africain, Samson Deen, qui, depuis son arrivée en 2021, a quand même fait un certain nombre d'efforts pour relever le niveau du paralympique en Afrique. Alors oui, ces Jeux n'étaient pas parfait sur le plan organisationnel, c'était une première. Il y a eu des difficultés en termes de financement parce que ce n'était pas pris en charge par l'Union africaine. Vous savez que les Jeux africains sont la propriété de l'Union africaine normalement. Or, ces Jeux se sont faits en marge de l'Union africaine et ils étaient financés par le gouvernement du Ghana. Et ce n’est pas évident pour un gouvernement à lui seul de financer des infrastructures et autres.

Justement, existe-t-il des réflexions pour une mutualisation des moyens entre États ? Une sorte de panafricanisme du sport en quelque sorte, dans lequel, à titre d'exemple, l'Afrique du Sud ouvrirait ses infrastructures à des athlètes d'autres pays ou le Maroc qui prendrait en charge les besoins d'un athlète camerounais ?

Nous avons un projet que nous sommes en train de porter : faire un village paralympique au Cameroun. Un village qui servira à l'ensemble de l'Afrique, notamment subsaharienne, avec des infrastructures modernes et qui permettra d'organiser des stages de préparation, des compétitions au niveau régional, continental. C'est une des réflexions. Mais effectivement, vous avez parlé de l’autre réflexion qui est de travailler en partenariat, en synergie entre nous. Ce sont des idées qui ont déjà été avancées, avec notamment les Comités paralympiques de Tunisie et du Maroc. Mais le problème, c'est toujours le financement. On va vous dire : « Ecoutez, on est d'accord, vous pouvez venir sur nos installations travailler une ou deux semaines. » Mais là, il faut encore pouvoir financer cela. Il faut trouver des bailleurs de fonds, il faut trouver des institutions qui sont capables de financer la pratique du sport paralympique à un niveau d'élite, afin d’améliorer la performance et ainsi justement gonfler le nombre de para-athlètes africains dans les Jeux paralympiques, comme à Paris, Tokyo ou à Los Angeles. Toutes ces idées sont là, mais il faut trouver les moyens de les financer. Et c'est cela pour le moment qui fait vraiment défaut.

► Tous nos articles sur les Jeux paralympiques sont à retrouver ici.

► Le programme et le calendrier des Jeux paralympiques est à consulter ici.

Comments 
In Channel
loading
00:00
00:00
x

0.5x

0.8x

1.0x

1.25x

1.5x

2.0x

3.0x

Sleep Timer

Off

End of Episode

5 Minutes

10 Minutes

15 Minutes

30 Minutes

45 Minutes

60 Minutes

120 Minutes

Jeux paralympiques: «L'Afrique va défendre ses chances, mais cela va être difficile»

Jeux paralympiques: «L'Afrique va défendre ses chances, mais cela va être difficile»

RFI