DiscoverLe grand invité AfriqueLaurence Ndong: «Ce qui intéresse les Gabonais aujourd'hui, c'est de sortir de l'extrême pauvreté»
Laurence Ndong: «Ce qui intéresse les Gabonais aujourd'hui, c'est de sortir de l'extrême pauvreté»

Laurence Ndong: «Ce qui intéresse les Gabonais aujourd'hui, c'est de sortir de l'extrême pauvreté»

Update: 2024-09-03
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Au Gabon, on en sait un peu plus, depuis le week-end dernier, sur la future Constitution qui sera soumise à référendum à la fin de l'année. À l'issue de la présidentielle de l'an prochain, à laquelle le chef de la transition, le général Brice Oligui Nguema, aura le droit de se présenter, il n'y aura plus de Premier ministre, et le pouvoir exécutif sera donc « monocéphale ». Va-t-on vers une concentration de tous les pouvoirs dans les mains d'un seul homme ? Laurence Ndong est la ministre gabonaise de la Communication et des Médias, également porte-parole du gouvernement. En ligne de Libreville, elle répond aux questions de Christophe Boisbouvier.

RFI : Que répondez-vous à l'ancien Premier ministre Bilie-By-Nze, qui affirme qu'il y a un an, le général Oligui Nguema a pris le pouvoir pour lui-même et n'avait pas de projet pour le Gabon ? 

Laurence Ndong : Ce sont eux qui se sont accaparé le pouvoir depuis 2009. Ils prétendaient avoir des projets, « l'avenir en confiance » en 2009, « l'égalité des chances » en 2016, ils avaient prédit un « Gabon émergent » en 2025. Quels sont les résultats de ces projets ? Si ce n'est le néant ? Ils ont servi aux Gabonais, pendant quatorze ans, l'outrecuidance, l'arrogance, le mépris, les détournements des deniers publics, la confusion, la corruption. Le général Brice Oligui Nguema arrive au pouvoir et, en un an, les réalisations sont concrètes : 193 kilomètres de routes en un an, près de 19 000 intégrations à la fonction publique, on voit bien la relance de l'économie, la dette colossale et abyssale qu'ils ont engrangée pour le pays, nous l'avons trouvée avec des arriérés d'impayés qui ont tous été régularisés en trois mois. Donc c'est pour dire dans quel état ils ont laissé le pays. Donc, ils veulent ramener le débat à un problème de personnes. Mais le problème ici, ce n'est pas la personne du général Brice Oligui Nguema, c'est l'état dans lequel était le pays et qui a fait que son arrivée au pouvoir a été plébiscitée par les Gabonais et elle est toujours plébiscitée encore aujourd'hui.  

Alors, en vue du référendum de la fin de l'année, le Comité constitutionnel national a élaboré un projet de constitution, qui a été remis ce samedi au Président de transition et dont on connaît maintenant les grandes lignes. Dans le nouveau régime, il n'y aura plus de Premier ministre. À l'issue de la présidentielle de l'an prochain, le futur chef de l'État incarnera « un exécutif monocéphale » et, du coup, certains Gabonais se demandent si ce futur élu ne deviendra pas un hyper président qui cumulera tous les pouvoirs dans ses mains ? 

La plus grande démocratie occidentale, les États-Unis d'Amérique, a un exécutif monocéphale. Personne ne dit qu'aux États-Unis le président de la République concentre tous les pouvoirs et pourtant, c'est bien un exécutif monocéphale. Donc ça, c'est un procès d'intention, puisque le législatif est renforcé, le judiciaire est renforcé et le président de la République sera assisté d'un vice-président de la République et d'un vice-président du gouvernement.  

Alors, vous parlez des États-Unis. À la différence de l'actuel président américain, le futur président gabonais aura le droit de dissoudre l'Assemblée, alors que celle-ci n'aura pas le droit de censurer le gouvernement, puisqu'il n'y aura plus de Premier ministre. Du coup, est-ce que l'équilibre entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif ne va pas être rompu au détriment du second, c'est-à-dire au détriment de l’Assemblée ?  

L'Assemblée nationale aura le droit de destituer le président quand même et la dissolution du Parlement est encadrée. Le président ne se lèvera pas un beau matin pour dissoudre le Parlement pour ses propres intérêts. Donc, ce que les Gabonais voient depuis que le Président Brice Oligui Nguema est là, c'est que tout le pays est en chantier. Et là, on voit bien qu'Ali Bongo et Monsieur Alain-Claude Bilie-By-Nze n'étaient pas des hommes d'État. Ils nous ont laissé une dette colossale, mais qu'aujourd'hui, nous sommes en train de rembourser. Le Président Brice Oligui Nguema, qui se trouve actuellement en Chine, par honneur, parce qu'il a décidé de rendre au Gabon et aux Gabonais leur dignité, avant de se rendre au Focac, il a remboursé des arriérés de la dette du Gabon à la Chine pour 13 milliards de FCFA et il va en Chine la tête haute.  

Alors, vous dites que, dans le nouveau régime, l'Assemblée aura, certes, le pouvoir de destituer le président de la République, mais ce ne sera que dans un cas très exceptionnel, celui de haute trahison, si, par exemple, le président veut se présenter pour un troisième mandat. Alors est-ce que, dans la vie courante, l'action du gouvernement ne va pas échapper à tout contrôle parlementaire ?  

Pourquoi l'action du gouvernement échapperait-elle au Parlement ? Vous n'avez pas encore lu cette Constitution, on vous a dit qu'il y aura un vice-président du gouvernement. Il y aura certainement des dispositions qui permettront à ce vice-président du gouvernement de répondre pour le compte du gouvernement devant le Parlement.  

Alors, ce vice-président du gouvernement, est-ce qu'il sera responsable devant l'Assemblée nationale et pourra éventuellement être censuré par les députés ?  

Vous savez, on attend de lire toute la mouture finale. Ce qui est important pour les Gabonais, ce n'est pas le pouvoir pour le pouvoir. Ce sur quoi nous sommes en train de pinailler, c'est le pouvoir pour le pouvoir, est-ce qu'on pourrait démettre le Premier ministre ? Est-ce qu'on pourrait faire ceci ou cela ? Ce qui intéresse les Gabonais aujourd'hui, c'est de sortir de l'extrême pauvreté dans laquelle les quatorze années d'Ali Bongo les ont plongés. Et c'est pour ça qu'aujourd'hui encore, nous avons célébré le 30 août, il y a quelques jours, les Gabonais étaient tous dans la rue. Ils voient les bienfaits de ce coup de libération et ils s'en réjouissent.  

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