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Dans ce 35ᵉ épisode de notre série Parcours de Coach®, le coach et superviseur Corinne EJEIL questionne l’apprentissage dans les organisations, partage son approche du coaching collectif et dévoile comment l’intelligence collective transforme durablement les dynamiques professionnelles.

Parcours personnel et influences familiales : 

Corinne grandit entre la France et le Liban, un pays en guerre qui façonne sa capacité d’adaptation et son regard systémique sur le monde. Son père, self-made man, et sa mère, diplômée de Sciences Po, lui transmettent le goût du dépassement. Enfant intrépide et autonome, elle développe une grande sensibilité à la nature et un besoin de liberté qui la guidera toute sa vie.

Études et début de carrière : 

Après un bac obtenu à 16 ans, elle suit des études en lettres modernes, audiovisuel et théâtre, cherchant à conjuguer passion des mots et expression créative. Son premier projet professionnel l’immerge dans le monde du cinéma et du multimédia. Fascinée par la communication, elle travaille dans une startup à la naissance d’Internet, où elle découvre les limites des stratégies RH et l’importance des relations humaines.

Indépendance et création d’agence : 

Marquée par les injustices observées en entreprise, elle se lance en solo à 28 ans et fonde Accessible, une agence de communication relationnelle. Pendant dix ans, elle conçoit des contenus visant à rétablir une connexion authentique entre marques et consommateurs, en privilégiant les journalistes plutôt que les marketeurs pour produire les messages.

Passage au coaching et double formation : 

Le coaching s’impose à elle lorsqu’elle ressent le besoin d’un métier plus utile. À 34 ans, elle entame la formation de Paris 8, attirée par son approche universitaire rigoureuse et sa diversité méthodologique. Tombée enceinte en cours de formation, elle suit deux promotions consécutives, une expérience qui renforce son apprentissage et élargit son réseau.

Transition vers le coaching : 

Plutôt que de rompre brutalement avec la communication, elle réduit progressivement son activité pour intégrer le coaching. Un exercice de formation lui ouvre les portes d’une mission de coaching collectif dans une grande entreprise, l’amenant à collaborer avec d’autres coachs dès le début. Ce premier pas la plonge immédiatement dans le coaching d’organisation.

L’implication dans SoL France et l’intelligence collective : 

Corinne s’investit dans SoL France, organisation inspirée des travaux de Peter Senge sur les organisations apprenantes. Elle y explore les cinq disciplines fondamentales qui favorisent l’intelligence collective, et participe activement à la coordination du Guide de l’organisation apprenante, un ouvrage collaboratif structurant ces pratiques.

Le concept d’organisation apprenante et son application : 

Elle définit l’apprenance comme un état d’esprit où la motivation d’apprendre est continue et intrinsèque. Une organisation apprenante développe cette posture à la fois individuellement et collectivement, en favorisant la remise en question des schémas mentaux, la construction d’une vision partagée et l’apprentissage collaboratif.

Coaching d’organisation et apprenance : 

Elle illustre comment le coaching d’organisation s’aligne naturellement avec l’approche apprenante. À travers des accompagnements concrets, elle montre comment des groupes de travail internes peuvent structurer le changement en impliquant les employés dans la construction de solutions.

Happy Morphose et les projets éducatifs : 

Son engagement se poursuit avec l’association Happy Morphose, qui explore les transformations sociétales et éducatives. Elle collabore avec Peter Senge pour développer des Living Labs favorisant l’innovation dans l’éducation.

Le coaching vu comme un art sensible : 

Corinne perçoit le coaching comme un acte créatif où la musique, la poésie et l’intuition jouent un rôle essentiel. Sa capacité à écouter profondément et à reformuler avec justesse lui permet de révéler des prises de conscience marquantes chez ses clients.

Son rapport au doute et à l’intuition : 

Elle revendique une pratique intuitive et fluide, s’appuyant sur le doute comme moteur de questionnement et d’adaptation. Loin des approches rigides, elle prône une posture de co-construction avec ses clients, en s’ajustant à leur rythme.

Conseils aux coachs juniors : 

Elle encourage les jeunes coachs à s’appuyer sur qui ils sont plutôt que sur une accumulation d’outils. Selon elle, nous coachons à partir de nos propres blessures transformées, et c’est ce travail sur soi qui enrichit la posture et la légitimité du coach.

Rêve et transmission : 

Son rêve est de créer une maison de soin pour les soignants, un lieu où l’on prendrait soin de ceux qui aident les autres, tout en y écrivant des livres. Cette vision reflète son engagement profond pour l’humain et le renouvellement des ressources intérieures.

Un coaching engagé, mais sans militantisme : 

Elle distingue l’engagement personnel du coach de son devoir de neutralité en séance. Un coach peut refuser une mission contraire à ses valeurs, mais ne doit pas imposer ses convictions à ses clients. L’essentiel est de rencontrer l’autre là où il est, sans chercher à le tirer de force vers une direction donnée.

Conclusion, une quête d’idéal sans renoncement : 

Elle se définit comme une idéaliste pragmatique, attachée à la liberté, l’intelligence collective et la transmission. Son parcours, entre apprentissage permanent et engagement collectif, illustre une posture de coach fondée sur l’écoute, la justesse et la passion d’accompagner les transformations individuelles et organisationnelles.

L'entretien s'est déroulé le 28 juillet 2023 dans ses bureaux à Paris (9ème).

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