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Nettoyer la Seine : la course avant les Jeux Olympiques

Nettoyer la Seine : la course avant les Jeux Olympiques

Update: 2023-06-02
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Depuis des décennies, les Parisiens attendent de pouvoir se baigner dans la Seine. Cette activité pourrait devenir réalité grâce aux Jeux olympiques de 2024 qui forcent les autorités à passer à la vitesse supérieure. Une course de fond pour nettoyer le fleuve et le rendre aux habitants et aux athlètes. 

Un pari ambitieux

Se baigner dans la Seine est interdit depuis 1923. Un siècle plus tard, la mairie de Paris a promis de rendre à nouveau le fleuve baignable. Mais les premiers à en profiter seront les athlètes des Jeux olympiques 2024 avec les épreuves de natation : 10 km nage en eau libre, triathlon et para triathlon partiront du pont Alexandre III. 

"Ce n'est pas une folie, c'est une ambition", soutient Pierre Rabadan, adjoint à la maire de Paris en charge du sport, des Jeux olympiques et paralympiques et de la Seine. En 2022, sur les 15 jours correspondant à la période des Jeux olympiques, la qualité de l'eau était satisfaisante ou excellente 92 % du temps, ce qui aurait permis l'accueil des épreuves.

"L'exigence de la fédération internationale sera remplie et la qualité de l'eau sera bonne", déclare Pierre Rabadan, confiant.  Cette ambition a un prix : 1,4 milliards d'euros sur huit à dix ans. Mais, "les Jeux ont permis d'accélérer les investissements", affirme l'adjoint, qui souligne que l'amélioration de la qualité de l'eau profitera aussi au grand public. "La baignade pour les Parisiens démarrera à l'été 2025", dévoile-t-il, en invitant toutes et tous à se mettre "en maillot de bain pour profiter et découvrir la Seine d'une autre vision que celle qui est la nôtre aujourd'hui".

Le défi des eaux usées 

Le plus gros obstacle à la baignade vient des eaux usées. Pour analyser la qualité des eaux fluviales, Jean-Marie Mouchel, hydrologue et chercheur à la Sorbonne, prélève un échantillon non loin du pont de Sully pour les analyser dans son laboratoire. Cette opération permet de vérifier la quantité de bactéries fécales présentes dans cette eau. "Si il y a pollution fécale, il y a un risque que des virus par exemple transmis par les fèces des hommes soient présents aussi", explique le scientifique.

De retour au laboratoire de Jussieu, Jean-Marie Mouchel mesure la présence dans l'eau de deux espèces de bactéries d'origine humaine : l'escherichia coli et les entérocoques intestinaux. Leur présence dans l'eau indique que des agents pathogènes fécaux peuvent être présents, ce qui peut poser un risque pour la santé des baigneurs. L'hydrologue précise que ces "bactéries proviennent pour l'essentiel des rejets des réseaux d'eaux usées" ainsi que des déjections des "animaux à sang chaud" présents dans la ville, tels que les oiseaux ou les chiens.

Au début du mois de mai, le niveau de pollution de la Seine était compris dans une fourchette entre 100 et 1000 Escherichia coli pour 100 ml d'eau. Pour que la Seine soit déclarée baignable, il faut être en dessous de 900 Escherichia coli pour 100 ml, et ce 90 % du temps. "Les bactéries fécales seront toujours présentes en Seine. Mais ce n'est pas parce qu'on a quelques bactéries fécales présentes en Seine qu'on ne peut pas se baigner. Tout est une question de norme", conclut le chercheur. 

Un bassin de stockage géant à Austerlitz

Pour réduire le risque de contamination, la capitale met les bouchées doubles. La plus grosse opération du réseau d'assainissement parisien se déroule près du pont d'Austerlitz, où les pelleteuses sont en train de creuser un énorme bassin de stockage d'eaux pluviales. Quand il pleut, le volume d'eau dans les réseaux d'égouts augmente de manière très importante. Pour éviter des débordements dans les rues, la Seine est utilisée comme déversoir, une sorte de soupape de sécurité.

"La vocation de ce bassin est de donner au réseau d'assainissement une capacité de stockage lors des épisodes pluvieux", pour que la Seine cesse d'être la "poubelle de l'assainissement de manière trop régulière", détaille Samuel Colin-Canivez, responsable du chantier. Avec ses 50 mètres de diamètre et ses 30 mètres de profondeur, l'ouvrage pourra accueillir l'équivalent de 20 piscines olympiques d'eau pluviale. L'eau stockée sera ensuite pompée en direction des égouts, où elle s'écoulera jusqu'en station d'épuration pour être traitée avant d'être restituée au milieu naturel. Mais ce chantier titanesque ne résoudra pas un problème de taille: la météo. De gros orages, comme c'est souvent le cas en été à Paris, peuvent encore mettre sous pression un système fragile. La modernisation des stations d'épuration reste la clef de la stratégie parisienne.

Bronzette pour les eaux d'épuration

Chaque jour, neuf millions de Franciliens génèrent environ deux millions de mètres cubes d'eau, soit deux milliards de litres à traiter. Pour nettoyer toute cette eau usée plus efficacement, le Service public d'assainissement francilien (SIAAP) a tablé sur une piste prometteuse : équiper deux usines d'un traitement supplémentaire aux lampes ultraviolets. Des rames de lampes ultraviolettes sont en train d'être installées en bout de chaîne à l'usine Marne Aval, située stratégiquement à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis), à l'entrée de Paris. Une fois débarrassée de la matière organique, de l'azote et du phosphore, l'eau de rejet va être traitée par la lumière, ce qui devrait éliminer la plupart des bactéries encore présentes.

"En ajoutant cette étape de traitement, on va diviser par 1 000 les concentrations de germes dans l'eau qu'on va rendre à la rivière", annonce Vincent Rocher, directeur innovation du SIAAP. Il est confiant en la capacité du service d'assainissement à faire le nécessaire d'ici les JO. "Depuis 50 ans, des efforts ont été faits pour améliorer la robustesse et la performance de nos usines de traitement. On peut être tout à fait optimiste sur notre capacité à atteindre cet objectif."

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