À la Une: mille milliards de dollars…
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« Mille milliards !, s’exclame La Croix à Paris. Les pays les plus développés participant à la COP29, la Conférence de l’ONU sur le climat, qui s’est ouverte hier à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan, doivent parvenir à un accord pour trouver, au minimum, 1 000 milliards de dollars par an, afin d’aider les pays en développement à s’adapter au changement climatique, à partir de 2025. À première vue, l’enveloppe paraît considérable à tel point que certains prédisent déjà un échec des négociations, fustigeant avant même qu’elle ne commence "une COP pour rien". Pourtant, à y regarder de plus près, il semble n’y avoir ici rien d’inatteignable », affirme La Croix. Exemples :« Une taxe sur les transactions financières pourrait rapporter 777 milliards de dollars en dix ans ; un prélèvement de 9 dollars par vol pour les voyageurs prenant l’avion plusieurs fois par an générerait à lui seul 121 milliards de dollars. On voit bien aujourd’hui que ces sommes existent et que des fonds peuvent être mobilisés. C’est une question de volonté politique et de justice sociale, affirme encore La Croix. Les États ont douze jours pour tenter de trouver un accord. »
Pourquoi l’Azerbaïdjan ?
Reste que cette COP29 se tient en Azerbaïdjan… « Et c’est un euphémisme d’écrire qu’elle suscite des interrogations, soupire Libération. Comme les deux dernières éditions, tenues en Égypte (en 2022) et aux Émirats arabes unis (en 2023), la COP climat est ordonnancée dans un pays autoritaire et producteur de pétrole. (…) "À quel moment on va se poser la question du pourquoi ces pays veulent accueillir cet événement ?, s’interroge Romain Ioualalen d’Oil Change International. Les deux prochaines années, les COP auront lieu au Brésil et en Australie, deux autres producteurs de fossiles. D’un point de vue optimiste, on peut voir le verre à moitié plein, affirme-t-il, en se disant que ces pays ne peuvent plus ignorer la réalité climatique et qu’ils sont donc obligés de se mouiller. Mais à l’inverse, on peut aussi penser qu’ils utilisent la COP pour reverdir leur image, faire du bruit, tout en brassant de l’air et en continuant à extraire des énergies mortelles pour l’humanité. S’agissant de Bakou, conclut Romain Ioualalen, toujours dans Libération, je crois malheureusement que le verre est à moitié vide". »
« Des sanctions ! »
Dans le Guardian à Londres, l’activiste Greta Thunberg s’interroge également : « Comment un pays comme l’Azerbaïdjan, autoritaire et violent envers les droits de l’homme peut-il accueillir un tel événement ? Pendant la COP29, l’image de l’Azerbaïdjan présentée par les médias sera une version édulcorée et verdie que le régime cherche désespérément à montrer. Mais ne vous y trompez pas, s’exclame la militante suédoise : il s’agit d’un État répressif accusé de nettoyage ethnique. Il faut prendre des sanctions immédiates contre ce régime et mettre un terme aux importations de combustibles fossiles azerbaïdjanais. Il faut également exercer une pression diplomatique sur ce régime, affirme encore Greta Thunberg, pour qu’il libère ses otages arméniens et tous les prisonniers politiques – et garantir le droit des Arméniens à un retour en toute sécurité. »
Une nouvelle escalade militaire ?
« Peu de gens s’attendent à ce que cette COP aboutisse à des résultats concrets, mais certains espèrent au moins une chose : qu’elle amène un peu de paix dans la région, pointe pour sa part Le Temps à Genève. C’est cette perspective qui a d’ailleurs permis à Bakou d’obtenir l’organisation de la COP29, trois mois seulement après avoir pris – l’année dernière – le contrôle du Haut-Karabakh, région séparatiste alors peuplée de plus de 100 000 Arméniens. Erevan, terrassé par cette intervention militaire éclair, n’a accepté la candidature de son rival qu’après s’être assuré d’un échange de prisonniers. À l’aube de la COP29, les deux pays ont avancé vers la conclusion d’un accord de paix qui prévoit le rétablissement des relations diplomatiques, mais de nombreuses questions clés découlant de ce conflit vieux de trente ans restent en suspens, relève encore Le Temps. Les observateurs craignent que l’enthousiasme des pays occidentaux autour de cet accord ne se retourne contre ces derniers : le risque d’une escalade militaire pourrait grandir une fois les caméras éteintes et les chefs d’État repartis. »